Ils restent dans l’ombre de produits cotés comme les gels Voltaren ou Perskindol, disponibles eux aussi en pharmacie sans ordonnance. Leur efficacité n’est pas prouvée par de nombreuses études, à l’inverse de leurs concurrents. Pourtant, les meilleurs baumes de cheval suffisent généralement à déclencher l’action relaxante escomptée sur le muscle ou l’articulation. Et ce en coûtant deux à six fois moins cher que les gels les plus populaires.
L’automne dernier, le mensuel des pharmacies astreaPHARMACIE conseillait aux clients le baume de cheval d’Apothekers Original, présenté comme «naturel et efficace en cas de douleurs au dos, à la nuque et aux épaules», et «bienfaisant en cas de douleurs articulaires, de muscles fatigués et de courbatures». Une recherche en ligne montre que le pot de 600 ml coûte entre 20 fr. et 25 fr. dans les pharmacies suisses. C’est l’équivalent du prix de 100 ml ou 120 ml des gels antidouleurs les plus vendus, qu’il s’agisse de préparations naturelles ou chimiques.
Développé à l’origine en Allemagne et destiné aux muscles et articulations des équidés, le baume de cheval, appelé parfois baume sportif, contient un mélange d’huiles essentielles anti-inflammatoires. Il comporte souvent un principe actif chimique à base de salicylate de méthyle ainsi que du camphre. Sur les sites de commerce en ligne, on trouve de nombreux commentaires très positifs sur les baumes disponibles dans les pharmacies suisses ou chez les grands distributeurs, à l’image de ceux du Dr. Jacoby’s, vendus chez Migros.
«Un bien fou»
Un lecteur de Saint-Maurice, en Valais, explique à Ma Santé les bienfaits relaxants du produit sur ses problèmes d’arthrose: «J’ai d’abord essayé plusieurs gels Voltaren, sans grand effet pour moi. Par contre, le baume de cheval au chanvre du Dr. Jacoby’s me fait un bien fou, pour moins de 8 fr. le pot de 200 ml.» Son physiothérapeute lui a conseillé d’appliquer une pommade ou un gel antidouleur avec un effet relaxant froid/chaud, «peu importe lequel, celui qui apaisera», en plus des séances, d’un régime alimentaire et d’exercices à domicile.
Les physiothérapeutes ne recommandent en principe pas de gels ou de baumes antidouleurs quels qu’ils soient, souligne la faîtière Physioswiss. Quant à PharmaSuisse, celle des pharmaciens, elle reste absolument neutre vis-à-vis des baumes de cheval. Une recommandation ou non dépend des habitudes de conseil du pharmacien, du prix, des croyances et des demandes des patients. L’âge, les comorbidités et les traitements suivis par ces derniers entrent aussi en ligne de compte. La faîtière ne se prononce pas non plus sur l’efficacité des différents gels antidouleurs, et encore moins sur leurs potentiels effets secondaires.
De ce point de vue, il n’y a guère que la pommade naturelle de consoude qui n’ait pas encore été désignée comme problématique... Les gels tels que le Voltaren ou le Rheumalix, à base de l’anti-inflammatoire non stéroïdien diclofénac, peuvent occasionner des problèmes au foie et à l’estomac, voire un risque d’accident cardiovasculaire accru s’ils sont pris à trop grandes quantités et sur une trop longue période. Selon la posologie inscrite sur l’emballage, il ne faudrait pas dépasser deux semaines d’application, avec uniquement la dose prescrite.
Troubles gastro-intestinaux
Les préparations naturelles, quant à elles, peuvent surtout entraîner des troubles digestifs. Celles à base d’huiles essentielles occasionnent parfois des irritations de la peau et des muqueuses ainsi que des nausées. Du côté des baumes du cheval, le camphre et le salicylate trop dosés dans les produits peuvent provoquer des troubles gastro-intestinaux, des crampes et des états d’excitation. A nouveau, ces préparations ne sont pas prévues pour une application quotidienne, en très grande quantité et sur une large surface de peau. Il s’agit d’éviter une absorption trop importante des substances actives par le corps.
Certains baumes de cheval, comme le produit au chanvre du Dr. Jacoby’s ou les versions Gold et chanvre d’Apothekers Original, ne contiennent pas de salicylate de méthyle. Il y a donc moins de risques d’effets secondaires. A noter que la concentration des ingrédients est rarement indiquée sur les baumes, et qu’il n’existe pas non plus de notice d’emballage. Si l’on prévoit une application prolongée et en grande quantité, il vaut mieux demander conseil à un pharmacien en l’informant du type de maux qu’il s’agit de combattre.