Qu’il vente ou qu’il neige, nos yeux sont exposés aux aléas de la météo. Et c’est parler sans des locaux surchauffés ou climatisés. Or, la peau qui les entoure est particulièrement fine et sensible: les fabricants de cosmétiques rivalisent ainsi d’inventivité pour proposer des crèmes hydratantes, raffermissantes et régénérantes. Ces produits remplissent-ils leurs promesses? Et à quel prix?
Nous en avons confié une douzaine coûtant entre 3.50 fr. et 40 fr. à un laboratoire spécialisé (lire encadré). Notre sélection est composée des labels propres aux grands distributeurs ou de marques connues, de deux cosmétiques naturels et d’un produit disponible en pharmacie ou en droguerie.
Les experts se sont d’abord penchés sur l’effet hydratant des crèmes. Ils ont ensuite traqué les éventuelles traces de composants allergènes (lire «Les critères du test»). Deux lotions, la Cien vendue chez Lidl et la Vitamin E Crème contour des yeux de Body Shop décrochent un 5.9, loin devant leurs concurrentes. La première coûte toutefois cinq fois moins cher que la deuxième. Sur ce critère, seul le tube de Sephora a obtenu une note insatisfaisante.
Jusqu’au lendemain
Une bonne crème doit hydrater la peau sur la durée. Le laboratoire a mis en lumière de grandes différences, avec de très bons résultats à cet égard pour la tête de notre classement. Selon les mesures faites deux heures, puis six heures après l’application, le niveau d’hydratation mesuré est encore supérieur de 70% à celui d’une peau non traitée. Et 24 heures après le soin, l’écart est encore de 30%. Les produits Zoé et I AM de Migros, la crème Nivea ainsi que le tube Ombia Cosmetics de Aldi ont également un effet durable sur la souplesse de la peau.
Les autres articles de notre sélection laissent, en revanche, à désirer. Après deux heures, l’apport hydratant ne dépasse pas 40%; quatre heures plus tard, il glisse sous la barre de 30%. Et il disparaît même complètement 24 heures après l’application pour les crèmes de Diadermine, de Louis Widmer et de Sephora.
Marge de progression
Les fabricants ont également des progrès à faire sur le plan des substances indésirables. Trois produits, l’Hydrogel pour les yeux d’Ombia ainsi que ceux des deux marques naturelles Lavera et Naturaline, affichaient ainsi des concentrations de parfums allergènes supérieures à 10 mg par kg. Les crèmes de L’Oréal et de Sephora contiennent, quant à elles, des dérivés de polyéthylène glycol (PEG). Ces composants augmentent la perméabilité de la peau et, par ricochet, facilitent l’absorption de substances étrangères.
Trois producteurs seulement ont pris position sur ces résultats. Aldi explique ainsi que l’alcool benzylique n’est pas utilisé comme parfum, mais comme agent conservateur. Le distributeur précise en outre que le produit testé est peut-être encore disponible dans certaines filiales, mais qu’il n’est plus distribué.
Coop relativise pour sa part la concentration de limonène et de linalol – dont l’effet allergène a pourtant été prouvé – en expliquant que ces substances proviennent des huiles essentielles naturelles utilisées: elles ne sont pas ajoutées artificiellement. Quant à la firme cosmétique Louis Widmer, elle recommande d’appliquer sa crème deux fois par jour pour obtenir l’effet escompté.
Julia Wyss / chr
Les critères du test
L’Institut SGS Fresenius Austria à Wörgl (A) a testé les douze crèmes en se basant sur les critères suivants.
1. 2. et 3. Effet hydratant
Une dizaine de femmes âgées de 21 ans à 62 ans ont testé l’effet hydratant des lotions sur la face interne de leurs avant-bras. Les experts ont mesuré le niveau d’hydratation de l’épiderme avant et après l’application de la crème. A noter que, pendant la période précédant le test, la peau n’avait reçu aucun traitement et avait été lavée seulement au savon neutre. Avant la mesure, les testeuses ont attendu une demi-heure dans une local de test climatisé.
Substances indésirables
⇨ Parfums allergènes: le laboratoire a traqué la présence de 26 substances peu ou fortement allergènes. Au-delà d’une concentration de 10 mg/kg, elles doivent figurer sur l’étiquette. Les chimistes n’ont pas décelé de composants fortement allergènes. Ils ont néanmoins trouvé des parfums peu allergènes dans des concentrations dépassant le seuil de 10 mg/kg, ce qui a valu 0.1 point de pénalité au produit.
⇨ Dérivés de PEG: les dérivés de polyéthylène glycol (PEG) sont utilisés pour homogénéiser l’eau et les substances grasses. Ils augmentent la perméabilité de la peau et ne sont pas recommandés dans les cosmétiques, car ils améliorent l’absorption d’autres composants, potentiellement nocifs. Leur présence a été sanctionnée de 0.2 point.