Quelle que soit la saison, les variations de température rendent l’organisme particulièrement vulnérable. L’enrouement et la toux sont les premiers signes de cette fragilité. Cette dernière est particulièrement complexe et se présente sous diverses formes: toux sèche, grasse, liée à une infection bactérienne ou virale ou encore spasmodique. Il faut bien analyser avant d’intervenir. Un expectorant est à éviter le soir, car les remontées de mucus empêcheront de s’endormir. Afin d’y voir un peu plus clair, nous avons dressé un comparatif des produits de synthèse et ceux à base de plantes que l’on trouve en pharmacie, chez soi et dans la nature.
D’un côté, il y a ceux qui font leur remède eux-mêmes, comme cette lectrice qui cueille des baies de sureau pour en faire une liqueur en les mélangeant à de l’eau-de-vie. Elle complète son arsenal avec des capsules de thym et d’origan, dans le but d’évacuer le mucus de ses bronches. La liqueur de sureau n’étant pas conseillée pour tout le monde, les pharmacies proposent des produits à base d’autres plantes ou de substances de synthèse.
Effets variés
Les effets varient en fonction du type de toux. D’un côté, il y a les produits qui apaisent l’irritation ressentie lors de toux sèches, de l’autre ceux qui libèrent les bronches du mucus produit en grande quantité. Les spécialistes considèrent cependant que le recours à ces produits est rarement une nécessité absolue. Contactée par Ma Santé, la doctoresse Stéphanie Wolff, explique qu’on ne devrait pas considérer la toux comme étant une ennemie. Celle-ci aide en effet à libérer les bronches du surplus de mucus, nettoyant ainsi les voies respiratoires. L’usage de médicaments qui freinent ce mécanisme peut être contre-productif pour une guérison rapide.
L’efficacité annoncée de la plupart des médicaments n’est malheureusement pas étayée par des preuves solides (voir tableau). Selon Bernhard Lauterburg, médecin bernois et professeur émérite, les antitussifs ont un effet placebo et ne sont en réalité pas plus efficaces qu’un simple sirop. Ils coûtent cependant plus cher et peuvent déclencher des effets indésirables.
Effets secondaires
Seule l’efficacité supérieure de la codéine et du dextrométhorphane par rapport à un placebo est documentée dans des études. Mais ces substances peuvent provoquer des effets secondaires importants. L’an dernier, suite à des problèmes respiratoires graves et même des décès, la prescription de codéine a été interdite pour les enfants de moins de 12 ans. Cette substance ne devrait être utilisée qu’en cas de troubles sévères comme des problèmes de sommeil ou des douleurs. De plus, chez certaines personnes, la codéine et le dextrométhorphane n’ont aucun effet et chez d’autres, l’effet est beaucoup trop fort. A cela il faut ajouter que le risque de dépendance est bien réel. C’est la raison pour laquelle il vaut mieux rester prudent et ne pas en prendre pour soigner une simple toux grippale, selon le spécialiste.
En complément, pour atténuer l’infection qui accompagne souvent une toux, le bon vieux trio ail-miel-citron reste une valeur sûre.
Mucolytiques chimiques
En ce qui concerne les mucolytiques de synthèse, le bilan est encore plus mauvais. Il n’existe aucune étude démontrant l’efficacité de substances comme l’acétylcystéine ou l’ambroxol pour évacuer plus rapidement le mucus de la gorge. Ces substances se seraient démontrées efficaces en laboratoire sur des animaux, mais jamais sur des humains.
Les plantes ont aussi la réputation de soulager les symptômes de la toux. L’expert en plantes médicinales Martin Koradi nous l’explique: «Les feuilles de lierre et le thym dissolvent le mucus. Ils sont donc utilisés de préférence pour les toux grasses, moins pour les toux sèches.»
Plante sud-africaine
En hiver, les pharmacies mettent en avant l’umckaloabo, un médicament à base d’un extrait de racines de pélargonium du Cap, plante médicinale d’Afrique du Sud. Le pélargonium a la réputation d’aider en cas de bronchite et de rhume. Malgré des tests en laboratoire qui semblent prometteurs, l’efficacité n’a pas encore pu être démontrée de manière définitive. Sur le marché, on trouve également un sirop homéopathique contre la toux: le Stodal. Il contient un mélange très dilué de neuf plantes médicinales différentes. Là aussi manquent encore les preuves scientifiques pour étayer définitivement l’efficacité annoncée.
En règle générale, les remèdes maison suffisent pour soulager les symptômes. Boire beaucoup liquéfie le mucus de la gorge. Un thé chaud avec du thym, de la guimauve ou du plantain est excellent aussi. Une simple inhalation avec de l’eau chaude est déjà d’une grande efficacité. Des études avec des enfants ont également montré que le miel peut soulager la toux. On peut en ajouter dans du thé au thym. En revanche, le lait n’est pas conseillé, car il rend le mucus plus visqueux.
L’avis des fabricants
Contactés par notre rédaction, les fabricants BGP Products, Gebro, Vifor, Spirig Healthcare et Novartis ont déclaré que Swissmedic considère comme efficaces les médicaments contre la toux contenant comme substances actives la codéine, le dextrométhorphane et l’acétylcystéine. Schwabe est sur la même ligne concernant l’umckaloabo. Ibsa affirme que des études ont montré que le Solmucalm et le Solmucol sont efficaces. GSL Consumer Healthcare rappelle que le Neocitran fait ses preuves depuis plus de 50 ans.
Max Zeller Söhne précise qu’une nouvelle étude a prouvé l’efficacité de son extrait de lierre. Cependant, l’étude a été payée par le fabricant lui-même. Biomed souligne que le Bronchipret est le seul remède à base de plante recommandé dans une directive de la Société allemande de pneumologie et affirme que son efficacité a bel et bien été prouvée. Boiron a répondu que la majorité des patients sont satisfaits du sirop Stodal.
Andreas Gossweiler / chp