Parmi les mesures envisagées par les autorités fédérales contre la pénurie d’énergie, il y en a une qui surprend. Chacun d’entre nous est invité à relever la température de son frigo. Jusqu’ici, le curseur était fixé à 5°C. Une limite maximum destinée à empêcher la prolifération des bactéries. Mais le seuil est passé à 6°C, voire 7°C. Est-ce bien raisonnable?
La question est légitime, d’autant que la recommandation de nos autorités ne concerne que les ménages privés. Les professionnels, eux, restent soumis à la limite maximale légale de 5°C. C’est d’ailleurs cette température de conservation-là qui sert de référence aux fabricants de l’industrie agro-alimentaire pour fixer la date de péremption des aliments périssables. Elle permet de garantir la sécurité de produits sensibles, tels que la viande et le poisson crus ou les crustacés. Ceux-ci constituent un terrain favorable au développement de germes qui peuvent provoquer une intoxication alimentaire.
Connaître les zones froides
Modifier les réglages de son frigo à 6°C ou à 7°C ne rend pas d’office les denrées qui s’y trouvent impropres à la consommation. En revanche, cela nécessite de prendre quelques précautions. D’abord, connaître la température qui règne dans son appareil. Ce qui n’est pas évident. Celle-ci n’est pas répartie de façon homogène, notamment dans les modèles à froid statique. La distribution du froid peut également varier si le frigo est surmonté d’un congélateur.
La plupart du temps, les zones les plus chaudes se trouvent en haut et au niveau de la porte. La zone la plus froide, qui devrait correspondre à la température définie par l’utilisateur, est située juste au-dessus du bac à légumes. C’est là qu’il faut disposer les aliments délicats. Pour en avoir le cœur net, il est judicieux de glisser un thermomètre dans son frigo. On peut ainsi vérifier que la température réelle correspond bien à celle attendue.
Attention à la date limite
Si vous achetez des produits sensibles, respectez scrupuleusement la date limite de consommation inscrite sur l’emballage, recommande le chimiste cantonal genevois, Patrick Edder. Tous les produits assortis d’une date limite de consommation, sous la forme «à consommer jusqu’au...» (et non pas «à consommer de préférence avant…») doivent être considérés comme sensibles, car potentiellement sujets au développement de micro-organismes. «Faites preuve d’encore plus de prudence quand ces produits ont été ouverts», ajoute Patrick Edder.
Pour ne pas contribuer à créer, dans son frigo, un environnement favorable aux bactéries, le chimiste cantonal rappelle qu’il faut s’assurer de la bonne étanchéité de son appareil et de sa propreté. Notez encore que ouvrir et fermer trop souvent la porte de son frigo ou le remplir contribue à faire grimper la température.
Geneviève Comby