Le taux de défaillance pour les crédits à la consommation (communément appelés «petits crédits») était, l’an dernier, de 0,9% en Suisse. Autrement dit: seul un emprunteur sur cent n’a pas remboursé son dû. C’est ce que démontrent les chiffres publiés par Euromonitor International.
En comparaison européenne, il n’y a que les Suédois à faire mieux encore, avec un taux de 0,7% (voir tableau). Mais, à l’inverse, l’Allemagne (2,6%), la Grande-Bretagne (3,8%), la France (4,5%) et, surtout, l’Italie (14,5%) posent nettement plus de problèmes.
Les intérêts suisses varient de 5,8% à 14,5%
Comme, parallèlement, les banques obtiennent l’argent presque gratuitement (sans intérêt) de la Banque nationale suisse, le consommateur est en droit de s’attendre à des conditions d’emprunt relativement avantageuses. Or, il n’en est rien! La meilleure offre actuelle est, en effet, de 5,8% (money-net.ch, de la BCBE), suivie de près par celle de la Banque Migros (5,9%), toutes les deux en ligne seulement. Les trois autres grandes institutions de prêt – Cashgate (banques cantonales et Raiffeisen), Credit-Now (Credit Suisse) et Cembra MoneyBank (anciennement GE MoneyBank) – fixent leurs conditions en fonction de la solvabilité, et elles varient entre 7,9% et 14,5%!
En va-t-il de même pour les consommateurs voisins? Afin de le savoir, nous avons cherché les prêts les plus avantageux qu’ils pouvaient trouver dans leurs pays et les avons comparés aux offres suisses. Le verdict est impitoyable: il n’y a qu’en Espagne (7,16%) et en Italie (8,88%) où les intérêts sont plus élevés. Mais le risque des banques y est aussi 7,7 fois, respectivement 15,7 fois plus élevés!
Partout ailleurs, les conditions d’emprunt sont moins onéreuses. En France, notamment, où le risque de défaillance est pourtant cinq fois supérieur à celui de la Suisse, l’offre la plus avantageuse demande un intérêt de 2,99% seulement. Mais aussi en Allemagne, où, avec un risque trois fois plus important, la Banque Santander Consumer se contente de 2,78%.
Le jeu de la concurrence ne fonctionne pas
La démonstration est faite: malgré l’excellent comportement des petits emprunteurs, la Suisse reste, ici aussi, un îlot de cherté.
Credit-Now et Cashgate le justifient en invoquant les exigences strictes de la loi fédérale sur le crédit à la consommation ainsi que des frais de personnel et d’infrastructures plus élevés. Et, pour la BCBE, les taux sont forcément fixés en fonction de la situation du marché et de la concurrence.
Or, une partie du problème vient certainement de là: en Suisse, le jeu de la concurrence ne fonctionne pas, ou pas suffisamment. La Banque Migros rappelle ainsi, à juste titre, que, en réaction à la baisse générale des taux d’intérêt, elle a diminué celui de ses petits crédits de 8,5% à 5,9% au printemps 2010. Un mouvement que n’a pas suivi Cembra MoneyBank, la plus importante institution en la matière. Comme elle n’a d’ailleurs pas répondu à nos questions.
Christian Chevrolet
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