«Quand j’ai annoncé que j’allais vivre en colocation avec deux amies, on m’a mise en garde: attention aux conflits! Nous avons pourtant partagé de beaux moments et sommes restées proches», témoigne Sophie Monney, avocate stagiaire
à Fribourg.
Idéale pour quitter le foyer familial sans se ruiner, la colocation implique de lisser les angles (lire encadré). Elle est aussi soumise à des conditions financières strictes vis-à-vis du bailleur. Deux options principales sont à envisager:
La colocation: chaque occupant figure sur le contrat de bail.
La sous-location: le locataire principal signe seul le bail et passe des contrats avec les colocataires, en accord avec sa régie.
Première étape: les garanties financières
Quelle que soit la modalité choisie, il faut être solvable pour décrocher le bail. Le loyer et les charges ne doivent pas dépasser le tiers du revenu brut de l’ensemble des personnes du foyer. «Les étudiants dont les moyens sont insuffisants devront fournir d’autres garanties. La pratique la plus courante est de présenter un codébiteur solidaire. Ils peuvent aussi prévoir une caution ou un tiers garant qui répondra notamment de l’obligation de payer le loyer», explique Philippe Tomé, directeur adjoint de la Régie de Fribourg SA.
Les garants doivent pouvoir assumer ce loyer, en plus de leurs charges. En général, le bail est établi au nom de tous les locataires et les tiers garants mentionnés dans une clause du contrat. Certaines gérances préfèrent rédiger le bail au nom de ces derniers. Tout changement de colocataire devra
être signalé.
En colocation, les occupants sont débiteurs solidaires. Si un loyer n’est pas payé dans les délais, le bailleur peut mettre un ou plusieurs colocataires aux poursuites. Et ce, pour l’intégralité du loyer. Le cas écheant, il se retournera vers les personnes qui cautionnent ce montant.
Au moment de contester une hausse de loyer, de demander une baisse ou de résilier le contrat de bail, il faudra réunir les signatures de tous les noms qui y figurent.En cas de conflit, difficile de chasser un colocataire mentionné sur le bail: il dispose des mêmes droits que les autres vis-à-vis du bailleur.
En cas de sous-location
Si un locataire souhaite assumer seul le contrat de bail, il le signera à titre personnel et établira des contrats de sous-location avec les autres occupants, en les soumettant à la gérance.
Ce document sera signé par le locataire et le sous-locataire. Il décrit la chambre de ce dernier (surface, situation) et indique les pièces communes (salon, cuisine, salle de bains, cave) mises à sa disposition. Le contrat mentionne aussi: le loyer, la liste des charges à prévoir et l’acompte mensuel correspondant. Il fixe la durée du contrat (déterminée ou indéterminée) ainsi que le délai de résiliation pour les
deux parties.
Cette option laisse davantage de liberté au locataire principal, qui devient «bailleur» de ses sous-locataires et peut les mettre à la porte si la situation dégénère. Il doit en revanche assumer leurs dettes s’ils ne paient pas leur dû: il est prudent de prévoir, dans le contrat, une garantie équivalent au maximum à trois mois de loyer net.
Oser parler d'argent
Que l'on choisisse la colocation ou la sous-location, certaines formalités doivent être réglées avant de pendre la crémaillère.
➛ Prévoir une répartition du loyer proportionnelle à la taille des chambres et à leur situation (p. ex. exposition au bruit). Idem pour les futures modifications (hausse, baisse).
➛ Dresser la liste des charges (électricité, wifi, chauffage) et répartir les acomptes. Le solde des charges sera géré dans la même proportion.
➛ Alimenter une cagnotte pour le ménage courant (papier toilette, sel, huile d'olive, café...) ou faire le décompte à la fin du mois, avec par exemple l’application Tricount.
➛ Les signataires du bail ne sont généralement plus couverts par l’assurance ménage de leurs parents. Ils contracteront une nouvelle police à leur nom.
➛ Fixer les modalités de départ (nettoyage, partage des objets achetés en commun).
Tâches ménagères et apéros
Quand on vit ensemble, on se dispute plus souvent pour savoir qui sort les poubelles que sur la marche du monde. Quelques règles consignées par écrit préviendront de nombreux conflits.
➛ Attribuer un placard à provisions et une place dans le frigo par personne.
➛ Préciser les lieux où il est possible de fumer.
➛ Prévoir les modalités pour organiser un apéro ou une soirée, ainsi que pour les hôtes qui partagent la salle de bains et les espaces communs.
«Nous avions prévu un tournus pour les tâches ménagères en alternant le nettoyage de la cuisine, de la salle de bains et des sols», explique Sophie Monney. «L’important, c’est d’être prêt aux compromis, de se montrer bienveillant. Fixer un cadre, c’est important, mais on n’a pas quitté le domicile de nos parents pour faire la police entre nous!»