Une prise de conscience émerge actuellement chez les professionnels de la santé, avec la conviction que s’occuper uniquement de la santé humaine est insuffisant; le monde du vivant ne forme qu’un tout.
Pionnière dans cette vision, l’Organisation mondiale de la santé soutient cette approche intégrée et unificatrice qui vise à optimiser la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes, tout en cherchant un équilibre harmonieux entre ces différents composants. La raison en est simple: il existe des liens étroits et interdépendants entre la santé humaine, animale et environnementale. L’émergence de maladies infectieuses comme le Covid-19 a cruellement mis en lumière l’interconnexion entre ces sphères.
Il est évident qu’il faut s’occuper de la santé de la planète; l’idée nouvelle est probablement que penser à la nature est également indispensable pour la santé des humains. Cette philosophie baptisée «Une Seule Santé» exige une collaboration étroite entre les secteurs de la santé humaine, de la santé animale et de la santé environnementale. Un aspect nouveau, en tout cas chez les professionnels de la santé.
La surveillance des maladies émergentes
Un exemple concret de l’application réussie de cette approche est la surveillance des maladies émergentes. Plutôt que de réagir de manière disjointe après l’apparition de foyers de maladies, «Une Seule Santé» préconise une surveillance proactive, intégrant des données provenant des populations humaines, animales et environnementales. Cette approche préventive permet d’identifier les menaces potentielles pour la santé publique avant qu’elles ne se transforment en crises majeures.
«Une Seule Santé» encourage le développement de stratégies de lutte contre les maladies qui prennent en compte l’ensemble de l’écosystème. Plutôt que de se limiter à des interventions médicales traditionnelles, cette approche promeut des solutions innovantes, telles que la protection des habitats naturels, la promotion de l’agriculture durable et la régulation des marchés de la faune sauvage, qui contribuent toutes à réduire les risques de transmission des maladies entre les espèces.
Un rôle pour la Suisse
Même si l’effort devra être planétaire, la Suisse a un rôle à jouer pour favoriser cette nouvelle dynamique. Avec son système de santé bien établi, son engagement envers la protection de la biodiversité et son soutien à la recherche scientifique, la Suisse est idéale-ment positionnée pour jouer un rôle de premier plan dans la promotion de cette approche intégrée et transdisciplinaire.
Pédiatres et généralistes engagés en 2024
Pour les professionnels de la santé, cela implique de réfléchir à leur rôle face à la crise environnementale, aux impacts de cette crise sur la santé ainsi qu’à l’impact du système de santé sur la planète.
Pour transformer ces bonnes intentions en actions concrètes, les médecins généralistes et les pédiatres de Suisse romande proposeront durant toute l’année 2024 dans leur cabinet une campagne de santé durable avec chaque mois une nouvelle action. Les sujets abordés concerneront par exemple la mobilité douce, la diminution de l’alimentation carnée, la diminution de la consommation de certains médicaments et d’examens médicaux inutiles ou la réduction de l’exposition aux écrans. Vous pourrez retrouver le pro-gramme complet en introduisant dans votre moteur de recherche les termes «Lancement de la campagne de santé durable 12 mois - 12 actions».
Chacun de nous est concerné
«Une seule Santé» représente bien plus qu’une simple stratégie de santé publique; c’est un paradigme pour une société globale et durable. En reconnaissant l’interconnexion fondamentale entre la santé humaine, animale et environnementale, cette approche offre un cadre puissant pour relever les défis complexes auxquels notre planète est confrontée. En adoptant une perspective holistique et collaborative, nous pouvons non seulement préserver la santé des individus, mais aussi garantir la santé et la pérennité de notre planète pour les générations futures.
Chacun d’entre nous est donc concerné, en tant que bénéficiaire de cette approche globale et innovante, mais aussi en tant qu’acteur.
Dr Jean Gabriel Jeannot, médecin, spécialiste en médecine interne