La loi sur la prévoyance professionnelle (LPP) – ou 2e pilier – n’a pas comme seul objectif d’offrir des rentes à la retraite. Elle prévoit aussi des prestations en cas d’invalidité ou de décès par le biais de la prime de risque qui la compose. La fixation de cette prime par les assureurs doit-elle obéir à des règles plus strictes? C’est une question qui suscite un large débat au Parlement dans le cas de la réforme «Prévoyance vieillesse 2020».
Le double de ce qui est nécessaire
On sait que les employeurs et les employés cotisent généralement pour moitié à la LPP. Or, des assureurs exigent des primes de risque trop élevées. Selon les chiffres de la Finma, Allianz, Axa, La Bâloise, Generali, Helvetia, La Mobilière, Pax, Swiss Life et Zurich ont encaissé pour plus de 31 milliards de primes entre 2005 et 2015. Mais comme elles n’ont versé que 16,2 milliards de prestations, elles ont empoché 14,8 milliards sur le dos des employeurs et des employés!
En bref, les compagnies d’assurance ont perçu le double de ce qui était nécessaire. Ce que le responsable de la politique sociale de Travail.Suisse, Matthias Kuert, juge scandaleux. Il estime que les primes de risque devraient être réglementées pour que leur montant ne dépasse pas 120% des prestations versées. Ce qui était loin d’être le cas en 2015, année durant laquelle les montants encaissés par les neufs assureurs précités couvraient 183% des montant nécessaires, avec des pics à 224% chez Axa et même 281% chez Allianz!
Silence sur les chiffres
Pour avoir une base de comparaison, nous avons demandé à 25 caisses de pension ordinaires et institutions collectives quel était leur ratio. En compilant les chiffres des entités qui ont daigné répondre – 11 sur 25 – on constate que le rapport (131%) est sensiblement plus équilibré que celui des compagnies d’assurance. Mais on peut supposer que les 14 institutions qui sont restées muettes ne sont pas des exemples en la matière.
Quoi qu’il en soit, cette politique a des impacts directs sur le salaire net des travailleurs et sur les charges sociales des employeurs. Or, si l’argent ponctionné en trop pour les primes de risque était affecté à une autre composante de la LPP, la prime d’épargne, c’est le niveau des rentes vieillesse qui en profiterait.
Gery Schwager / yng