Le Conseil fédéral a décidé de réduire, dès l’an prochain, le taux d’intérêt minimal des avoirs placés dans un 2e pilier à 1,5%, contre 2% aujourd’hui. Dès lors, vaut-il encore la peine, si on en a la possibilité et les moyens, de procéder à un rachat de sa prévoyance professionnelle?
Pour autant que le règlement de sa caisse l’autorise et qu’il y ait des lacunes à combler, cette opération – recommandée dès 55 ans pour les personnes jouissant d’un revenu relativement élevé – constitue en effet un excellent moyen d’améliorer ses prestations de vieillesse, tout en allégeant considérablement ses impôts, puisque le montant du rachat est entièrement déductible. En fonction du domicile et du revenu, l’épargne fiscale peut ainsi atteindre jusqu’à 40%.
Exemple chiffré
Reste à savoir si cet avantage suffit à combler l’intérêt extrêmement bas qui sera servi dès l’an prochain. Faisons le calcul: Raymond, 55 ans, marié et domicilié à Bienne, dispose d’un capital de 300000 fr. (1 voir tableau) dans sa caisse de pension. Il désire et peut (sa caisse pension le prévoit dans son règlement et il a des lacunes à combler) racheter 50 000 fr. (2) d’ici à la fin de l’année. Mais, comme cette somme est entièrement déductible des impôts, il va économiser 15000 fr. (3), correspondant à un taux marginal de 30%, et le coût effectif du rachat se monte donc à 35 000 fr. (4).
Si son salaire reste inchangé jusqu’à ses 65 ans et que ses avoirs sont rémunérés au taux minimal de 1,5%, il aura accumulé, à l’heure de la retraite, un capital de 543 673 fr., contre 485 587 fr. (5) s’il n’avait pas fait de rachat. Le capital net, après perception de l’impôt unique retenu sur la prévoyance professionnelle (6), sera respectivement de 500 669 fr. et 448 350 fr. (7), soit une différence de 52319 fr. (8), ce qui représente un rendement sur la somme investie de 4,1% (9). Ce n’est évidemment pas le Pérou, mais impossible de faire mieux avec un placement presque sans risque, sachant que les obligations de la Confédération sur 10 ans ne rapportent aujourd’hui que du 1%, et même 0,7% une fois l’impôt déduit…
Non sans risque
Vous avez toutefois bien lu: nous avons écrit «presque» sans risque. Sans vouloir tomber dans la sinistrose, force est en effet de constater que les institutions de prévoyance ne sont pas épargnées par l’ouragan qui souffle, ces temps, sur les marchés financiers. Il n’est donc pas franchement conseillé de procéder à des rachats dans une institution qui affiche une couverture inférieure à 90%, au risque – extrême, il est vrai – de perdre une partie du montant racheté…
Et attention: les rachats sont souvent crédités dans la partie surobligatoire du 2e pilier, qui n’est pas soumise au taux minimum légal. Les caisses sont donc libres de rémunérer cette part à un taux inférieur, voire pas du tout durant les périodes de vaches maigres. Il faut donc se renseigner pour connaître le taux exact qui sera appliqué sur l’ensemble de la somme investie.
Christian Chevrolet
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