A en croire les emballages, tous les laits à appliquer après s’être exposé aux rayons ultraviolets soignent, soulagent et hydratent la peau. Nous avons pris ces promesses au mot et soumis à un laboratoire spécialisés dix lotions parmi les plus vendues.
Les experts ont mesuré le pouvoir hydratant de chacune et recherché l’éventuelle présence de substances allergènes ou nocives (lire encadré).
Efficaces sur la durée
Tous les produits testés réhydratent l’épiderme, mais à des degrés d’efficacité variables. Huit heures après l’application, la peau qui avait absorbé la Lotion après-soleil, de Nivea, lauréat de notre sélection, présentait ainsi un taux d’hydratation supérieur de 70% par rapport à un derme non traité. Ce lait est talonné par le Cien, acheté chez Lidl. En queue de classement, la lotion Ambre Solaire, de Garnier, affichait un taux de 40% seulement après le même laps de temps.
Les fabricants des produits testés ont réagi diversement à nos résultats. Satisfaite de son 3e rang, la Droguerie Müller nous a toutefois indiqué que sa lotion allait être remplacée par un autre produit encore amélioré.
Coop, chez qui nous avons acheté la lotion Sherpa Tensing a, au contraire, estimé que le nombre de testeuses était insuffisant pour en tirer des conclusions. Le distributeur a donc contesté la note attribuée au pouvoir hydratant, sans nous communiquer pour autant le résultat de ses propres évaluations.
Quant aux discounters Aldi et Denner, ils nous ont soumis les conclusions de leurs tests qui affichent des pourcentages d’hydratation différents. Il est toutefois impossible de les comparer aux nôtres, car les méthodes de mesures diffèrent. Et, en l’absence de prescriptions légales spécifiques, le laboratoire que nous avons mandaté s’est basé sur un protocole reconnu au niveau international, confirmant la crédibilité de la démarche.
Lotion rafraîchissante
De son côté, le fabricant du Daylong, de Spirig, se justifie en expliquant que la lotion vise surtout à rafraîchir la peau après l’exposition. Un autre produit de la gamme serait plus indiqué pour la réhydrater.
Substances indésirables
Notre test n’a, heureusement, pas décelé de substances aromatiques hautement allergènes. L’Ambre Solaire contient toutefois une concentration importante de muscs polycycliques, un composant qui s’accumule dans le corps. Il se voit donc pénalisé d’un demi-point.
Ce dernier flacon contient encore, et c’est également le cas pour le Sherpa Tensing, des tra ces d’isobutylparaben. L’effet de cette substance sur le corps humain est encore inconnu, mais on sait que les parabènes ont une influence sur le fonctionnement hormonal. Nous avons donc déprécié ces deux produits d’un demi-point.
Belle peau à bon compte
L’Oréal, qui fabrique l’Ambre Solaire, tempère ces reproches et se retranche derrière une prise de position de l’Association suisse des cosmétiques et des détergents, selon laquelle la loi et des contrôles réguliers garantissent que ces produits sont «sans danger pour les consommateurs». Il indique avoir malgré tout changé la composition du produit depuis la réalisation de notre test. Au mois de juin, nous avons pourtant encore trouvé des anciens flacons dans les rayons. Idem pour le Sherpa Tensing, dont la formule va être modifiée. Selon Coop, le nouveau produit ne devrait plus contenir de parabènes.
Un coup d’œil sur les prix de notre sélection montre, comme c’est souvent le cas, qu’on peut soigner sa peau à bon compte puisque la lotion qui occupe le deuxième rang figure aussi parmi les trois meilleur marché. Elle revient dix-huit fois moins cher que la Lavera et quinze fois moins que la Daylong, dont l’efficacité laisse, de plus, à désirer.
Beat Camenzind / chr
EN DÉTAIL
Les critères du test
Le Laboratoire Eurofins, à Hambourg, a analysé les produits selon les critères suivants.
1 / Pouvoir hydratant – Les experts ont noté l’efficacité des lotions auprès de dix testeuses. Ils ont évalué l’humidité de la peau avec un cornéomètre (appareil mesurant l’hydratation cutanée par électrolyse) avant l’application. Ils ont ensuite répété l’opération après deux heures, quatre heures, six heures et huit heures.
2 / Les muscs polycycliques – Ces substances s’accumulent dans le corps et pourraient même s’inviter jusque dans le lait maternel. Elles sont de surcroît peu biodégradables. Aucune limite n’a été fixée dans la loi.
3 / Substances allergènes – Depuis 2007, les fabricants doivent déclarer la présence de 26 substances hautement allergènes. Celles-ci sont réparties dans quatre catégories, celles classées en A et en B étant les plus sensibles.
4 / Parabènes – Utilisés comme agents conservateurs, ils sont considérés par les spécialistes comme des perturbateurs endocriniens. Dès lors, leur concentration dans les cosmétiques devrait être limitée.