Les week-ends du consommateur moderne sont réglés comme le mode d’emploi d’un meuble à monter soi-même. Le samedi (phase 1), on choisit armoires et petits meubles sympas, on remplit la voiture et on ramène ses emplettes à la maison. Le dimanche (phase 2), on identifie les multiples pièces de la nouvelle acquisition… et on assemble le tout!
Pour abréger cette corvée et éviter les cloques, une petite visseuse à accumulateur s’impose. Mais encore faut-il, à en croire les résultats de notre test, en choisir une qui ne cale pas au premier tiroir! Nous avons soumis une sélection de dix tournevis électriques sans fil entre 3.6 et 7.2 volts (V) les plus vendus à un laboratoire (lire encadré). Qui les a évalués sur le plan tant technique que pratique.
Bon investissement
Résultat: les deux lauréats de notre test, les modèles à 7.2 volts, se distancient nettement du reste de notre sélection. Le premier, le Power Grip 7.2 Li de Metabo, est aussi le plus cher (149 fr.) Il est suivi de près par le PSR 7.2 Li de Bosch, relativement coûteux, lui aussi (109 fr.).
Les amoureux du bricolage ne regretteront pas leur investissement en optant pour l’un de ces deux appareils, qui décrochent respectivement un 5.6 et un 5.5. La Power Grip, de Metabo, est venue à bout de 172 vis dans du bois de pin avant de crier grâce. La PSR, de Bosch, a fait encore mieux avec 232 vis, mais la Power Grip a toutefois un atout supplémentaire qui justifie sa médaille d’or: son chargeur rapide lui permet de refaire le plein d’énergie en moins de 20 minutes! De quoi affronter des travaux d’envergure sans perdre de temps, alors qu’il faut plus de quatre heures à la PSR, de Bosch, pour se recharger.
Peu maniables
Les menuisiers du dimanche se satisferont de la Einhell BT-SD, la meilleure visseuse de 3.6 V. Sa note de 4.9 lui assure la mention «bon». Pour 29 fr. seulement, elle enfonce 83 vis sans avoir besoin d’être rechargée et brûle ainsi la politesse au modèle IXO IV, de Bosch. Plus cher (59.90 fr.), ce dernier a, certes, aligné 99 vis d’affilée, mais les testeurs n’ont pas apprécié sa poignée trop courte pour être bien en main, ce qui fait baisser sa note à 4.8.
C’est également le critère de la maniabilité qui pénalise les modèles Mac Allister, de Hornbach, et la Do it DGM, de Migros. Les testeurs ont trouvé ces deux tournevis peu pratiques et leur ont attribué la mention «satisfaisant» seulement. Sur la Mac Allister MSD 3.6 Li, le blocage de broche ne fonctionnait pas correctement. Ce dispositif permet d’utiliser le tournevis manuellement quand la force de l’outil ne suffit pas à enfoncer la vis dans un matériau plus résistant.
Quant à la Do it DGM, les interrupteurs ne sont pas situés ergonomiquement et le sens de rotation n’est pas visible du premier coup. Enfin, alors que les embouts fournis avec les tournevis sont de bonne qualité sur la majorité des modèles, les têtes plates et cruciformes livrées par Migros avec cet outil étaient très usées après 500 vis seulement.
Pas résistants
Le second modèle de Einhell, le RT-SD 3.6 Li Red, n’a en revanche convaincu dans aucun domaine. Il a calé après 58 vis déjà et a été jugé peu maniable par les experts qui lui ont décerné une note moyenne de 4.1.
En queue de peloton, on trouve l’appareil le plus avantageux de notre sélection, le Fixa 3.6 V vendu chez Ikea pour 14.95 fr., et les deux de Black & Decker, nettement plus chers (respectivement 99 fr. et 89.90 fr.). Tous les trois ont été jugés «peu satisfaisant», car ils ont un gros défaut: si leur performance est tout à fait honorable quand ils viennent d’être rechargés, leurs accus flanchent beaucoup plus vite que tous les autres, si on ne les utilise pas. Ce qui réservera une mauvaise surprise aux utilisateurs occasionnels s’ils ressortent leur outil sans l’avoir branché auparavant sur le secteur.
Pour ne rien arranger, il faut compter une dizaine d’heures pour recharger les deux visseuses de Black & Decker, soit le double de la durée moyenne des autres outils de notre sélection.
Embouts de piètre qualité
Le modèle d’Ikea présente en outre le même défaut que celui de Mac Allister: il ne peut pas être utilisé manuellement, car il n’est pas équipé d’un dispositif de blocage de broche. Si le moteur s’essouffle, il faudra donc aller chercher un autre outil pour parvenir à ses fins.
Dernier inconvénient, et pas des moindres: les embouts fournis avec la visseuse d’Ikea sont devenus inutilisables à l’issue du test, car le métal était usé.
Ikea s’est refusé à tout commentaire à la lecture de ces résultats. De son côté, Ursula Persici-Fleury, la porte-parole de Bosch, a promis que la petite IXO IV serait remplacée d’ici à l’été par un modèle affichant une performance supérieure de 30%. Même son de cloche chez Einhell, qui annonce le remplacement de la RT-SD 3.6 Li Red par un engin plus puissant. L’échange devrait avoir lieu dans quelques semaines, selon, la porte-parole, Livia Baur.
Quant à la société Black & Decker, elle met en cause la méthodologie de notre test, à savoir le stockage des visseuses dans un local chauffé à 40°C, ce qui ne correspond pas à la réalité. Tous les appareils de notre échantillonnage ont subi le même traitement, et seuls ceux de cette marque se sont rapidement déchargés.
Andreas Schildknecht / chr
EN DÉTAIL
Les critères du test
1 / Vissage: les experts de l’Institut allemand de test et de certification SLG ont compté combien de vis de 50 mm les dix tournevis à accumulateur de notre sélection, chargés à 100%, pouvaient enfoncer dans du bois de pin avant de s’arrêter. L’épreuve a été renouvelée après avoir remis les accus sous tension pendant 15 minutes. Les physiciens ont ensuite mesuré le couple, ou la force de rotation, de chaque moteur.
Le laboratoire a également évalué la performance des visseuses inutilisées pendant plusieurs jours, comme c’est souvent le cas dans la réalité. Elles ont été stockées pendant 20 jours dans une armoire chauffée à 40°C avant d’être remises à contribution.
Les experts ont enfin testé la performance des outils sur des vis de 80 mm, toujours dans du pin, en mesurant, cette fois, à quelle profondeur les vis pénétraient dans le bois.
2 / Maniabilité: quatre experts, deux hommes et deux femmes, ont évalué le maniement des visseuses en fonction de leur poids, de l’ergonomie de la poignée, de la répartition des masses, du positionnement du fuseau, de la disposition de l’interrupteur, de la lisibilité du sens de rotation et de la facilité d’utilisation pour les gauchers.
3 / Durée de recharge: les experts ont ensuite mesuré le temps nécessaire à recharger chaque appareil.
4 / Qualité des embouts: le laboratoire a examiné l’état des embouts, les têtes plates et celles cruciformes fournies avec l’appareil, à l’issue du test.