Ce devait être la parade à la fermeture annoncée des petites gares, considérées comme non rentables. Refusant cette «fatalité», une quinzaine de gérants se sont décidés à faire revivre ces espaces en y installant parfois une petite épicerie ou un café, tout en assurant la vente des billets et des abonnements de train. Mais l’avenir de ces commerces est à son tour menacé.
«Les CFF nous mettent le couteau sous la gorge», témoigne, en substance, Regula Fischer, gérante de l’agence de voyages de Wipkingen, dans le quartier de la gare de Zurich. Avec ses trois collaborateurs, elle propose tout l’assortiment de billets CFF, cartes journalières, abonnements et documents de voyage à l’étranger. Mais son travail ne se limite pas à la vente, loin de là. «Nous conseillons les clients et nous leur venons en aide lorsqu’on les voit se démener avec les automates, dont la manipulation est tout sauf évidente.» Ses clients viennent de toute la ville et ils sont toujours plus nombreux, dit-elle, à se plaindre du traitement qui leur est réservé dans les grandes gares.
Commissions réduites
Hélas, des nuages noirs planent sur ce service de proximité. Jusqu’à présent, les revendeurs privés obtenaient une commission de 9% sur la vente de tickets et d’abonnements. Ainsi, un abonnement général 1re classe leur rapportait 460 fr. et un AG 2e classe 300 fr. Or, à compter de cette année, les CFF avaient décidé de réduire la commission à 50 fr.
par abonnement vendu. Regula Fischer, estimant que cela allait diminuer ses recettes de quelque 100 000 fr. par an, sur un chiffre d’affaires de 4,7 millions, elle a donc refusé les nouvelles conditions proposées par les CFF et a rejoint l’IGSS, la communauté d’intérêt des responsables de gares.
Son action a payé, car l’ex-régie a accepté de suspendre les nouvelles conditions pour une période de trois ans, soit jusqu’en 2016. Mais, passé ce délai, plusieurs points de vente seront sans doute contraints de déposer le bilan, pronostique Regula Fischer.
Denise Bucher / bas