L’«effet cocktail», dont on soupçonnait l’existence mais qui n’avait pas encore pu être prouvé scientifiquement, a été élucidé en laboratoire par une équipe de chercheurs français à Montpellier. Les scientifiques ont constaté que le mélange d’un composant de la pilule contraceptive et d’un pesticide, tous deux très faiblement actifs, pouvait avoir un effet toxique à des concentrations minimes déjà.
Jusqu’ici, aucune explication rationnelle n’avait pu être apportée à l’effet cocktail. Or, les auteurs ont montré que, de même qu’il faut parfois deux clés pour ouvrir une porte, la présence simultanée de deux composés favorise leur interaction avec un récepteur situé dans le noyau d’une cellule, ce qui permet de l’activer. Ce n’est pas le cas s’ils sont isolés.
Dans le cas concret, l’estrogène éthinylestradiol contenu dans la pilule contraceptive et le pesticide organochloré trans-nonachlor se sont liés pour activer un récepteur situé dans les cellules du foie. Ce récepteur protège le corps contre des substances étrangères potentiellement toxiques. Par conséquent, l’ingestion de ces deux substances bloquerait l’effet du médicament chez une personne soumise, par exemple, à un traitement contre un cancer.
Les auteurs de l’étude ne comptent pas s’arrêter là, car ils suspectent d’autres molécules médicamenteuses d’avoir des effets de synergie similaires. Ces résultats ouvrent ainsi la voie à un immense champ d’études. «Il existe en effet dans notre environnement environ 150 000 composés dont l’action combinée pourrait avoir des effets inattendus sur la santé humaine, alors qu’ils sont considérés comme sans danger s’ils sont absorbés isolément», relève les chercheurs de l’Institut national de la santé de la recherche médicale (Inserm) et du Centre national de recherche scientifique (CNRS) dans un communiqué.
L’effet cocktail des perturbateurs endocriniens fait l’objet d’un chapitre richement documenté dans notre guide Poisons quotidiens.
Claire Houriet Rime