Notre partenaire alémanique K-Tipp a fait analyser du poulet acheté dans des supermarchés d’outre-Sarine. Les résultats sont accablants: plus d’un échantillon sur deux est contaminé. Sur 30 produits testés - 20 d'origine Suisse et 10 de l’étranger -, 13 sont infectés par une bactérie et 3 par deux sortes différentes. Le poulet suisse s’en sort un peu mieux avec 40% de produits touchés, contre 80% pour les viandes en provenance d’autres pays.
Les trois mauvais élèves du test sont le blanc de poulet Naturafarm de Coop (55 fr./ kg, origine Suisse), celui d’IP-Suisse de Manor (38.50 fr./ kg, Suisse) et l’escalope de blanc de poulet Coop Qualité & Prix (19 fr./ kg, Slovénie), dans lesquelles des bactéries campylobacter et ESBL ont été trouvées.
Maux à court et long termes
Parmi les 30 denrées analysées, 33% étaient infectées par des ESBL. Celles-ci sont connues pour être résistantes aux antibiotiques et peuvent, par exemple, provoquer des cystites ou des infections intestinales difficiles à traiter. Ce sont les antibiotiques administrés aux animaux lors de l’engraissement qui les stimulent et leur permettent de se propager. La bactérie campylobacter, elle, a été décelée dans 17% des échantillons. Elle est à l’origine de maux de ventre, diarrhées, fièvre et engendre dans de rares cas, des maladies du système nerveux.
Le laboratoire n’était pas au bout de ses surprises, puisqu’il a retrouvé de la salmonelle dans trois produits (10%) et la bactérie E. Coli dans un autre (3%). Si elles peuvent chacune provoquer des diarrhées, la seconde est également à l’origine de troubles plus graves. Les infections peuvent mal tourner et avoir des conséquences sur le long terme (hypertension et insuffisance rénale). Elles peuvent même être mortelles. Mais pour le porte-parole de Coop, Urs Meier, ces contaminations ne sont «pas inquiétantes, puisque la viande est cuite et les germes ainsi tués». Et de signaler encore que la concentration d’E. Coli relevée était conforme aux normes suisses.
En tous les cas, les révélations de notre partenaire K-Tipp montre que le consommateur doit être très vigilant en suivant quelques règles d’hygiène élémentaire (voir encadré). Car quand la viande est bien cuite et que la chaire crue n’entre pas en contact avec d’autres aliments, le risque d’infection est bas.
Lukas Bertschi/ Camille Degott
Comment se protéger
En suivant quelques règles d’hygiène, il est possible de diminuer la probabilité d’infection par le poulet :
⇨Bien cuire la volaille. Les bactéries sont uniquement tuées, quand la température de 70°C est atteinte à l’intérieur du poulet durant au moins 2 minutes.
⇨Toujours conserver la viande crue séparément des autres aliments. Une fois l'emballage ouvert, le jeter immédiatement à la poubelle.
⇨Après avoir touché de la viande crue, se laver les mains avec du savon et de l’eau chaude.
⇨Les ustensiles de cuisine qui entrent en contact avec la volaille doivent être soigneusement lavés directement après l’utilisation.
⇨Ne jamais laver la viande: les éclaboussures risquent de répandre les bactéries autour de l’évier.
⇨La viande crue ne doit pas entrer en contact avec d’autres aliments.