A la fin de 2015, des scientifiques chinois identifiaient, dans du porc et du poulet, des bactéries résistantes à la colistine, un antibiotique de dernier recours chez l’homme. Depuis, on en a trouvé un peu partout dans le monde, et la Suisse ne fait pas exception. Une analyse réalisée par notre partenaire alémanique Gesundheitstipp donne des résultats stupéfiants: au total, un tiers de la volaille achetée chez Coop, Migros, Aldi et Lidl contenait des bactéries insensibles à la colistine. Quatre morceaux de dinde sur cinq étaient concernés, contre un sur cinq pour le poulet. Parmi les 32 échantillons touchés (sur 100), 27 provenaient d’Allemagne et cinq d’Italie. En revanche, les viandes suisses et les produits bio étaient irréprochables.
Usage vétérinaire massif
Mais comment en est-on arrivé là? En fait, la colistine est utilisée aussi bien pour les animaux que pour les hommes. Son recours, chez l’humain, reste rare, en raison de sa toxicité pour les reins. Elle est toutefois précieuse en dernier recours, lorsque les autres antibiotiques ont échoué. Chez les animaux de rente, elle est cependant fréquemment administrée, notamment pour les diarrhées. Et certains n’y vont pas avec le dos de cuillère: aussi bien les éleveurs allemands qu’italiens en ont utilisé plus de 120 tonnes en 2013, contre 850 kilos en Suisse. De toute évidence, cet usage excessif a favorisé l’émergence de bactéries résistantes parmi leurs volailles.
La question est désormais de savoir quelles en sont les conséquences pour l’homme. Certains scientifiques relativisent le danger, alors que d’autres esquissent le scénario catastrophe d’une «superbactérie» qui tiendrait en échec tous les traitements.
A titre individuel, on peut minimiser le risque d’une éventuelle transmission en respectant quelques règles. Car, comme pour d’autres germes présents dans la volaille, la contamination peut se produire lors de la manipulation de la viande crue ou lorsqu’elle est consommée insuffisamment cuite. D’où la nécessité de:
⇨ toujours bien cuire la volaille;
⇨ empêcher que la viande crue et son jus n’entrent en contact avec d’autres aliments. Pour la fondue chinoise, par exemple, présenter la volaille sur un plat séparé et ne pas déposer les morceaux crus dans son assiette;
⇨ bien se laver les mains, utiliser des planches à découper et des couteaux différents pour la volaille.
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Lara Wüest / Sébastien Sautebin