Alex s’approche de ses 63 ans et se demande s’il ne va en profiter pour prendre une retraite anticipée. Il se lance dans quelques calculs et, tout compte fait, inverse la vapeur: il parle de la retarder. Voici pourquoi.
Situation actuelle
⇨ Son salaire actuel correspond peu ou prou à celui qui doit être obligatoirement assuré selon la LPP (loi sur la prévoyance professionnelle): 8000 francs brut par mois, soit 6782 francs net. Comme il est payé 13 fois, son salaire net annuel est de 88 166 fr. Pour faciliter les calculs, décidons qu’il n’augmente plus jusqu’à la retraite.
⇨ Chaque année depuis 20 ans, il verse une épargne de 3000 fr. sur un compte de prévoyance liée 3a, ce qui lui a permis de constituer un bas de laine de 65 547 fr.
⇨ Au final, il dispose, après impôts (célibataire, Lausanne), d’un budget de 70 000 fr. environ. Son objectif pour la retraite: conserver au moins 70% de ce budget, soit environ 49 000 fr. (4083 fr./mois).
Retraite anticipée
S’il veut prendre une retraite à 63 ans, sa rente AVS (point du tableau) va diminuer – à vie – de 13,6%. Quant à la rente LPP , le règlement de sa caisse de pension* prévoit une baisse du taux de conversion de 0,2% par année anticipée (donc 6,4%) appliqué sur un capital forcément à la baisse, puisque ni lui ni son employeur ne vont cotiser les deux dernières années.
Après impôts , il disposera donc de 38 064 fr. par an . S’il veut atteindre son objectif (70% du revenu disponible durant sa vie active), il devra, dès lors, puiser près de 11 000 fr./an dans son épargne , qu’il aura épuisée alors qu’il n’aura même pas 68 ans . Par la suite, il sera donc contraint de revoir son budget à la baisse.
La situation n’est guère plus brillante en prenant sa retraite à 64 ans, puisque, avec une rente AVS diminuée de 6,8% et un taux de conversion de 6,6% sur un capital légèrement mieux garni, l’échéance n’est repoussée que de deux ans.
En plus, cerise pourrie sur le gâteau, il doit continuer de cotiser tant qu’il n’aura pas atteint l’âge légal de la retraite, même s’il touche une rente AVS. Le montant à payer est calculé en fonction des rentes et de la fortune. Pour Alex, cela représente un supplément de 3500 fr. s’il arrête de travailler à 63 ans, 1950 fr. à 64 ans.
Retraite retardée
A l’inverse, s’il décide, comme le lui propose son patron, de reporter sa retraite à 66 ans, il va non seulement bénéficier d’une rente AVS augmentée de 5,2%, mais aussi d’un taux de conversion de 7% sur un capital à la hausse, ce qui augmente d’autant sa rente*. Du coup, c’est jusqu’à plus de 78 ans que son épargne va lui permettre de remplir son objectif. Et, en poussant le bouchon encore plus loin (67 ans), il l’assure même jusqu’à presque 95 ans!
Reste qu’il faut vouloir, mais aussi pouvoir – sur le plan tant professionnel que de la santé – jouer ainsi les prolongations...
Christian Chevrolet
Lire le bonus web: Anticiper ou retarder sa retraite