Les consommateurs soucieux de leur santé prêtent volontiers aux aliments nouveaux et exotiques des vertus exceptionnelles. Il est pourtant rare de découvrir de bons produits qui résistent à l’effet de mode, comme le quinoa ou les graines de chia. Actuellement, le sucre de fleur de coco est en vogue dans les magasins bio. Mais ce n’est pas pour autant qu’il présente de vrais atouts diététiques.
Nutriments très relatifs
Avec son goût prononcé de caramel, il est généralement vendu en poudre, mais on le trouve aussi en sirop. Il est fabriqué artisanalement en Asie. La fleur est incisée pour récupérer sa sève qui est longuement chauffée jusqu’à évaporation complète de l’eau. Après cristallisation, on obtient un sucre brun, non raffiné. Ses importateurs lui prêtent des vertus qui ne manquent pas d’attirer celles et ceux qui privilégient une alimentation saine. Il est présenté comme une alternative au sucre blanc grâce à ses nutriments et à son faible index glycémique (lire encadré). Qu’en est-il réellement?
C’est vrai, le sucre raffiné ne contient que des traces infimes de nutriments, tandis qu’une bonne cuillère à café de sucre de coco (5 g) fournirait:
• 65 mg de potassium. C’est 6 fois moins qu’une banane!
• 0,1 mg de zinc. Les besoins d’un homme sont 100 fois plus importants!
• 0,02 mg de vitamine B1. Il nous en faut 60 fois plus!
Ces quantités n’apportent qu’un petit caillou à l’édifice. Surtout, il est absurde de compter sur du sucre, quel qu’il soit, pour faire le plein de nutriments, alors qu’une lutte planétaire est engagée pour diminuer sa surconsommation. Les bons vieux fruits et légumes sont nettement plus riches en vitamines comme en minéraux. Et ils ne sont pas nocifs pour la santé!
Index glycémique et fructose en question
L’IG du sucre de coco est, avec celui du sirop d’agave, le plus faible de la famille des sucres. Ses partisans utilisent cette particularité pour en faire une alternative au sucre blanc, en particulier pour les diabétiques de type 2 qui, disent-ils, peuvent le consommer sans risque. A première vue, c’est une nouvelle réjouissante. Mais, à y regarder de plus près, un doute est permis: ces chiffres sont-ils fiables?
Comme c’est un produit de niche récent, il ne figure dans aucune table de composition officielle. Les valeurs avancées n’émanent que de deux études, très limitées. L’une, menée aux Philippines ne porte que sur 10 personnes et donne un IG de 35. L’autre, australienne, aussi basée sur 10 personnes, indique un IG de 54. Une différence de taille!
Ce n’est pas tout. Le flou règne aussi sur son taux de fructose. Trouver sa valeur tient du parcours du combattant. Selon les sources, il varie de 45% à 80%! En admettant – au mieux – qu’il se situe à sa valeur la plus basse, il serait équivalent aux sucres ordinaires
(50%). On est dès lors bien loin d’une alternative à la poudre raffinée. Surtout pour les diabétiques de type 2! En effet, le fructose est le sucre à éviter. S’il a longtemps été conseillé pour les diabétiques, on sait maintenant qu’il n’est pas métabolisé de la même manière que les autres sucres. Consommé en excès, il favorise le risque de maladies cardiovasculaires et induit une résistance à l’insuline, porte d’entrée pour le diabète de type 2.
La prudence est donc de mise. Une seule chose est certaine, son prix est exorbitant: un paquet de 200 g se vend 4.90 fr. Ce qui porte le kilo à près de 25 fr. contre 1 fr. pour le sucre blanc. Cela fait cher le dépaysement…
Doris Favre, diététicienne diplômée
Eclairage
Zoom sur l’index glycémique
L’index glycémique (IG) indique la capacité d’un aliment contenant des glucides à augmenter le taux de sucre dans le sang quand on le consomme. Un glucide vite assimilé dans le sang possède un IG élevé (supérieur à 70). Il ne procure pas de sensation de satiété prolongée, mais il ouvre l’appétit. Sa consommation provoque une sécrétion brutale d’insuline et facilite l’accumulation des graisses dans les cellules. Voici l’IG des principaux sucres.
⇨ Sucre raffiné 65
⇨ Miel 60
⇨ Sirop d’érable 54
⇨ Sucre de coco 35 à 54 selon les sources
⇨ Sirop d’agave 34