La publicité de Credit Suisse, parue dans la presse à la fin de l’année dernière, avait de quoi enthousiasmer. Devant une maison d’architecture moderne et la main posée sur le capot d’une voiture noire, un jeune homme dans la trentaine déclarait: «Rien ne doit changer pour moi, même à 70 ans. C'est pourquoi je planifie déjà maintenant.» Et, juste à côté, en gros dans un médaillon, la proposition d'une épargne 3a avec un intérêt annualisé de 5,81%! Or, les rendements traditionnels varient actuellement entre 0,35% et 0,65%, rarement au-delà (voir tableau ci-dessous).
Comme toujours, ce sont les petites lettres auxquelles un astérisque renvoie qui donnaient le premier indice de prudence. Elles précisaient: «Performance annualisée entre 2011 et 2016.» Autrement dit: il ne s’agit pas d'une épargne sur un simple compte bancaire, mais bien d’un placement sur un dépôt de prévoyance lié à des titres, même s’il permet les mêmes économies d’impôts (lire encadré). Renseignement pris, il s’agit même du plus spéculatif de la famille, le CSF Mixta-LPP Maxi, contenant 45% d'actions (contre 0% pour la «basic», 25% pour le «defensif» et 35% pour le «mixte»). Et son risque est considéré comme «moyen à élevé» par Credit Suisse lui-même dans sa documentation.
Période de comparaison
Il n’empêche: 5,81%, ça fait rêver... Mais, là aussi, il faut relativiser. Car la performance a été calculée entre fin juillet 2011 et fin juillet 2016. Une période choisie à dessein: elle commence au moment où les marchés, très faibles, sont repartis à la hausse, et bénéficient donc d’un rendement optimal. Si vous remontez dix ans en arrière, ce qui permet d’inclure la chute de la Bourse de 2008, la performance annuelle moyenne n’est plus que de 2,34% (pour comparaison, la CEDC – Caisse d’épargne de Cossonay – a servi 1,71% sur la même période avec un compte classique sans risque). Et l’année dernière, elle s’est même limitée à 0,19%!
Cet exemple, qui n’est – de loin – pas unique en son genre, démontre combien il est important de disséquer une offre. Car ce genre de produit peut aussi aboutir à des rendement négatifs, comme ce fut le cas, l’an dernier, avec le «Swisscanto BVG Oeko 45» proposé par les banques cantonales (-1,2%) ou le «Vitainvest 50 Swiss» de UBS (-1,76%). Or, s’il se trouve que cela tombe pile poil à l’heure de la retraite, quand l’investisseur est obligé de retirer ses fonds, et ne dispose donc pas d’un sursis pour laisser le marché se reprendre, il s’agit d’une perte sèche particulièrement malvenue.
Voilà pourquoi il est recommandé, si l’on souhaite épargner de telle façon, d’avoir un horizon temps de huit à dix ans au moins. A cet effet, la société de conseil VZ actualise régulièrement les performances d’une quarantaine de produits (année en cours et depuis 2010) sur son site vermoegenszentrum.ch ⇨ Conseils ⇨ Outils ⇨ Solutions 3a avec titres.
Christian Chevrolet / Béatrice Walder
Eclairage
Anticiper son versement sur un 3a
Chaque année, les personnes qui touchent un salaire soumis à l’AVS peuvent mettre de côté une certaine somme (6768 fr. en 2017) dans un compte de prévoyance 3a. Une épargne qui ne pourra pas être retirée avant 60 ans – sauf dans quelques cas exceptionnels – mais qui est entièrement déductible de l’impôt sur le revenu. Et qui bénéficie d’un rendement supérieur à celui de l’épargne classique, aujourd’hui proche de zéro.
Il est toutefois impossible d’espérer un meilleur rendement que 1% sur un compte 3a classique (voir tableau ci-contre), et il y a peu de chances que les taux remontent prochainement. Faut-il, dès lors et comme le recommandent certaines banques, ne pas attendre la fin de l’année en procédant dès maintenant au versement? Oui, si cet argent est disponible et va dormir en 2017 dans un simple compte épargne, même si le surplus ainsi obtenu sera minime. Non, si cela engendre le moindre coût supplémentaire (frais pour retrait sur compte d’épargne, etc.), car ce dernier ne pourra être couvert par ce même surplus, sauf si les taux repartent à la hausse.