Préserver la santé des géants de la chimie plutôt que celle des citoyens. Placer le bien-être des assureurs avant celui des assurés. Ménager l’industrie alimentaire au détriment des consommateurs… Quel programme! C’est pourtant la réalité, comme le démontrent plusieurs enquêtes à lire dans le numéro que vous tenez dans vos mains.
En Europe, d’abord. Comme l’a révélé Le Monde en décembre dernier, le projet de loi de la Commission européenne pour réglementer les perturbateurs endocriniens n’a pas passé la rampe après un imbroglio juridico-politique et… c’est tant mieux! Tant mieux puisque, en catimini, une phrase visant à protéger une quinzaine de pesticides a été glissée dans le texte. Une exigence des trois géants mondiaux du domaine qui bénéficient d’importants relais politiques. De quoi être inquiets pour la suite du dossier (lire page 21).
En Suisse, la législation autorise les assureurs maladie à constituer des réserves importantes. En cas d’excès manifestes, rien ne les contraint à restituer les sommes encaissées en trop aux assurés. Cette loi laxiste a été adoptée par le Parlement, après un préavis positif des Commissions des deux Chambres, dont les sièges des présidents sont aujourd’hui occupés par deux membres d’un important assureur, le Groupe Mutuel (lire pages 24-25).
Enfin, l’industrie alimentaire n’a toujours pas l’obligation d’imprimer sur les emballages les valeurs nutritionnelles de manière claire et complète. L’Europe vient, certes, de franchir un pas dans cette direction et la Suisse va s’y conformer en mai. Or, les exceptions accordées à l’industrie sont si nombreuses que la mesure n’aura que peu d’effets...
Face à ce désolant constat, les consommateurs doivent être attentifs. Nous y contribuons en vous informant, bien sûr, en vous appelant à réagir, mais aussi à agir. Voilà pourquoi, nous vous invitons, aujourd’hui, à une démarche participative dont l’objectif est simple: contourner les obstacles politiques et mettre l’industrie alimentaire devant le fait accompli. Intéressés? Nous avons mis au point un outil simple et efficace et vous disons comment joindre le mouvement aux pages 6 et 7.
Zeynep Ersan Berdoz