On le sait: les taux sont au plancher, pour le bonheur des propriétaires et le malheur de ceux qui cherchent un rendement pour leurs économies. Car les comptes d’épargne classiques ne rapportent presque plus rien (entre 0,01% et 0,35% selon notre dernier sondage*), et même strictement rien lorsque le montant du dépôt dépasse six chiffres.
Une publicité de UBS le confirme: «0, quasirien%». Elle suggère donc de «repenser l’épargne», de façon «futée malgré la faiblesse des taux d’intérêt». Bigre! Le sympathique retraité brandissant fièrement sa thune aurait-il une alternative à proposer, afin de la faire fructifier? (voir illustration). Oui, mais rien à voir avec un simple compte de dépôt sans risque: dès la page suivante, ce sont bien des fonds de placement qui sont mis en avant.
Idem pour MoneyPark, qui propose depuis quelque temps déjà, des plans d’épargne fondés sur des ETF (pour Exchange Traded Funds, lire encadré). Sur son site, elle présente aussi de tels investissements comme une alternative au compte d’épargne si peu rémunérateur. Elle enchaîne toutefois rapidement sur les risques que cela représente et insiste sur le fait que «les montants investis doivent provenir de la richesse librement disponible».
Et même dans une récente édition de VZ news (2/2017), on peut lire en gros: «Des ETF plutôt qu’un compte épargne», un placement «qui convient aux personnes souhaitant investir par une seule transaction dans un marché largement diversifié et se satisfaisant des rendements du marché». Très vite pourtant, l’épargnant devient un investisseur et, à la fin de l’article, on comprend que, entre le choix parmi les 1200 produits disponibles en Suisse, les commissions et les frais de gestion ainsi que le possible recours à un conseiller en placement, on est loin de la tirelire traditionnelle.
Que veut-on?
Il faut donc remettre le petit cochon de porcelaine au milieu du village et s’entendre sur ce qu’on appelle l’«épargne»! S’il s’agit de placer son argent avec un moindre intérêt, mais avec la certitude de le retrouver intact et disponible à court ou à moyen terme, soyons clairs: il n’existe pas d’alternative au compte classique, puisque même les bons de caisse sont bloqués au moins huit ans pour espérer – au mieux – dégager un rendement annuel de 1% (voir tableau ci-dessous*).
Mais si l’on parle d’épargne en pensant à des placements à long terme – notamment en vue de la retraite – des investissements dans des fonds de placement ou des ETF peuvent être envisagés, en sachant toutefois que plus ces produits rapportent, plus ils sont risqués! Il convient donc, au préalable, de définir son profil en fonction de ses besoins et, surtout, de sa tolérance aux risques.
Christian Chevrolet
Eclairage
Passifs certes, mais risqués
Les ETF (pour Exchanged Traded Funds) sont des fonds de placement dits «passifs», en ce sens qu’ils n’essaient pas de battre leur indice de référence, mais cherchent seulement à le répliquer au mieux. Ils simplifient donc la vie, car ils permettent d’investir sur plusieurs titres – du SMI par exemple – en une seule transaction. Cela limite les coûts d’acquisition et de gestion, puisque les titres ne doivent pas être analysés et remplacés continuellement.
Il n’en reste pas moins qu’il s’agit bel et bien d’un placement boursier avec tous les risques que cela suppose! Et le danger est d’autant plus grand qu’il existe plusieurs catégories. Les ETF «actifs», par exemple, ressemblent à s’y méprendre à des fonds classiques, puisqu’ils réagissent aux tendances du marché pour améliorer leurs performances. Ils sont, par conséquent, plus chers que les ETF «passifs», mais, surtout, plus risqués encore, et leurs règles de fonctionnement sont parfois opaques. La prudence est donc de mise, ainsi que le principe selon lequel on n’achète, en Bourse, que ce que l’on comprend!