Après avoir révolutionné la téléphonie mobile, la mode du «connecté» n’a cessé de s’étendre à tous les domaines. On pense aux téléviseurs, aux voitures, aux montres, mais aussi à des secteurs plus incongrus, comme les ballons de foot ou les raquettes de tennis! Cette tendance n’a pas échappé aux fabricants d’appareils électroménagers qui ont développé des lave-linge, des frigos ou des fours dits «intelligents».
Cette technologie permet, par exemple, de recevoir un message de son lave-linge lorsque le programme arrive à son terme. Le four fait de même lorsque la durée de cuisson choisie est terminée. Le steamer envoie une alerte pour signaler qu’il n’y a plus assez d’eau. On peut même visualiser sur sa tablette l’enceinte du four où dore son beau rôti ou examiner à distance le contenu de son frigo au moment de faire ses achats.
Source de panne supplémentaire
En tous les cas, ces dispositifs sophistiqués ne révolutionnent en rien le fonctionnement des appareils (lire encadré). En revanche, ils péjorent leur durabilité, même si les fabricants vantent l’avantage des alertes préventives pour la maintenance ou le diagnostic à distance. Arguments avant tout marketing. Car, contrairement à une voiture, il n’y a rien à huiler, à graisser et encore moins de vidange ou de courroie à remplacer à intervalles réguliers.
Au niveau du dépannage, le diagnostic à distance atteint vite ses limites aussi. Le code d’erreur – identique à celui qui s’affiche sur l’écran des appareils traditionnels – est transmis à une centrale. Le hic, c’est qu’il indique la fonction qui pose problème et non l’élément qui est en panne. Par conséquent, le télé-dépanneur risque, par exemple, de déduire que c’est la pompe du lave-vaisselle qui est défectueuse, alors que c’est peut-être un misérable noyau de cerise qui bloque l’hélice!
Aucune aide concrète
Ce qui est certain, c’est que ces technologies sophistiquées ne facilitent pas franchement la vie des consommateurs. C’est sans doute pour cela que les arguments des fabricants font parfois sourire. Sur le site de V-Zug, on peut lire: «Une panne de courant peut survenir à tout moment. Vous pouvez dire au revoir aux soucis avec nos appareils: en effet, dès que le courant est à nouveau disponible, l’appareil règle automatiquement l’heure.» C’est pas beau, le progrès?
En résumé, l’électroménager connecté tient actuellement plus du gadget que de la révolution. On peut certes trouver certaines fonctionnalités amusantes. Mais elles ne réduisent en rien les corvées les plus rébarbatives auxquelles on est astreint. Le jour où on pourra siroter un apéritif pendant que le lave-linge et le lave-vaisselle se rempliront et se videront tout seuls n’est pas encore arrivé…
Failles de sécurité
Pour celles et ceux qui ne peuvent résister à l’envie de s’équiper de gros électroménagers connectés, attention également à la sécurité informatique. Il est important de bien se renseigner sur les possibilités de mises à jour des logiciels intégrés. Car, si l’on autorise l’accès à internet à de tels dispositifs, on fragilise également la sécurité de son réseau. Un jeune informaticien vient d’ailleurs de démontrer qu’il était possible, par le biais d’un jouet «intelligent», d’accéder au contenu du smartphone qui le contrôlait.
Christophe Inaebnit
Evolution
On ne réinvente pas la roue
Le lave-linge est un bon exemple de l’évolution du gros électroménager. Depuis les années 1960, son principe n’a pas changé. Il est toujours constitué d’un tambour qui brasse le linge dans une cuve plus ou moins remplie d’un mélange d’eau et de savon. Les principaux progrès qui ont été apportés sont l’augmentation de la vitesse d’essorage et la réduction de la quantité d’eau nécessaire au lavage. En 1960, pour laver son linge, il fallait ouvrir le hublot, placer les vêtements dans le tambour, refermer le hublot, insérer la poudre, choisir un programme et le lancer. On revenait environ 1 heure 30 plus tard pour ouvrir la machine et retirer le linge propre du tambour. En 2017, rien n’a changé, même avec un appareil connecté…