1. Pas à la poubelle ni dans le lavabo!
Au sens de la loi, les médicaments non utilisés constituent des déchets spéciaux. Les ménages sont tenus de les rapporter dans des centres habilités à les réceptionner, comme les pharmacies et certaines déchetteries. Il est donc interdit de les jeter à la poubelle ou dans les toilettes. De telles pratiques, qui toucheraient plus de la moitié des médicaments non consommés (!), polluent les eaux et présentent des dangers pour les enfants et les animaux qui éventreraient les sacs. A noter que les pharmaciens romands n’ont pas l’obligation de les reprendre, sauf dans le canton de Fribourg. La plupart d’entre eux jouent cependant le jeu.
2. Détruits dans des fours
L’immense majorité des médicaments non utilisés est brûlée dans les usines d’incinération des ordures ménagères (UIOM). Une petite partie (5% environ) – notamment les préparations iodées, mercurielles, chlorées ou bromées – doit être éliminée dans des fours à déchets spéciaux. La Suisse en compte quatre. Le traitement est réalisé à des températures de plus de 1450° C (contre 800° C dans les UIOM) et le temps de combustion est suffisamment long pour détruire les polluants. De plus, ces installations disposent de systèmes de traitement complexes des fumées.
3. Pour des personnes en situation précaire
Les associations suisses n’envoient plus les médicaments non utilisés dans les pays en développement depuis une vingtaine d’années. Elles suivent ainsi une recommandation de l’OMS qui souligne que cette démarche, généreuse sur le principe, créait de nombreux problèmes. Les produits étaient inadaptés aux situations, inconnus du personnel local, leur durée de conservation était trop courte, etc.
Certains comprimés rendus non périmés sont toutefois remis à des personnes dans des situations de grande précarité, mais en Suisse. Quelques associations, comme les pharmaciens du cœur à Genève, collaborent avec certaines pharmacies et les HUG, et distribuent, selon les besoins, des produits valables au moins encore six mois, aux personnes en situation de grande précarité. Il n’est cependant pas possible de leur envoyer directement vos comprimés.
4. Comment les conserver
Suivez les informations sur l’emballage et la notice d’utilisation. De manière générale,
⇨ ne les exposez pas à la lumière du soleil;
⇨ évitez, dans la mesure du possible, de les stocker dans la salle de bain. La chaleur et l’humidité accélèrent leur dégradation;
⇨ ne les laissez pas dans un véhicule, surtout en été;
⇨ assurez-vous qu’ils sont hors de porté des enfants.
5. Périmés mais encore efficaces
Le débat fait rage: peut-on encore consommer des médicaments dont la date de péremption est dépassée? Un test mené par l’émission A bon entendeur (RTS) en 2016 montre que 16 produits sur 19 avaient toujours la dose efficace pour l’effet recherché. Parmi eux, des Ponstan 500 périmés depuis …17 ans (!) et plusieurs autres depuis plus de 10 ans! Selon les spécialistes, certaines molécules restent très stables et d’autres beaucoup moins. Dans tous les cas, soyez rigoureux avec les échéances des préparations qui peuvent vous sauver la vie, comme les sprays pour l’asthme. Pour des produits ouverts mais non périmés, par exemple des sirops, il peut être judicieux de demander l’avis de son pharmacien.
Sébastien Sautebin
Eclairage
Un énorme gaspillage
Chaque année, un tiers des médicaments prescrits ne sont pas consommés. La première cause? L’attitude des patients qui ne respectent pas les prescriptions de leur médecin. La taille de nombreux emballages, qui ne correspondent pas à la durée du traitement, joue aussi son rôle. En Suisse, une loi interdit de les vendre au détail comme cela se fait en Angleterre ou aux USA. Un postulat, déposé en 2013, avait tenté de changer la donne. Sans succès. Le Conseil fédéral y était opposé, arguant, entre autres, qu’un emballage complet protège mieux les comprimés et que le conditionnement individuel induirait des surcoûts.