Le 3 avril 2011, l’étage supérieur du Restaurant Burestobe, à Seon (AG), était ravagé par les flammes. Une employée avait utilisé un produit à base d’huile de lin pour faire disparaître des taches sur un meuble. Une fois ce travail terminé, elle a jeté les chiffons utilisés ainsi que du papier ménage dans un seau en plastique. Selon l’enquête, la solution imbibée sur les étoffes s’est oxydée au contact de l’air et a pris feu, provoquant l’incendie (lire encadré).
Le produit de soin pour le bois utilisé n’avait rien d’exceptionnel: la plupart d’entre eux contiennent de l’huile de lin. Le risque de combustion spontanée présenté par cette substance est connu des fabricants. Il est mentionné sur les étiquettes, mais l’avertissement, souvent décliné en petites lettres, peut passer inaperçu. Ainsi, plusieurs cas d’auto-ignition ont été signalés, ces derniers mois, entre autres dans les cantons de Schwyz et de Glaris.
Nous avons voulu savoir quels sont les produits présentant le plus de risques. Sur les dix huiles pour meubles envoyées au labo, sept s’autoenflamment à des températures relativement basses, allant de 49° C à 88° C. Trois offrent des résultats bien meilleurs.
Grands écarts de température
La Colodur est l’huile qui résiste le mieux, (174° C), suivie par l’Alpina (171° C) et la Mood (164° C). Selon le laboratoire, de tels chiffres rendent une combustion spontanée improbable.
A l’opposé, l’huile de lin Bio Pin pour soin de bois, achetée chez Obi, est la plus sensible. Elle a pris feu, déjà, à une température ambiante de 49° C après deux heures et dix minutes. Viennent ensuite le Miocolor de Migros (54° C) et le Bondex (55° C), trouvé chez Bauhaus.
Quelques précautions permettent de neutraliser le danger.
⇨ Imbiber les chiffons utilisés avec de l’eau et les conserver dans un récipient hermétique et in-inflammable, par exemple une boîte en métal.
⇨ Avant de les jeter, rincer encore une fois, et laisser sécher à l’air libre.
Darko Cetojevic / seb
Dans le détail
Air et chiffons
«L’huile de lin ne présente pas un danger d’échauffement en elle-même. Elle doit absolument être dispersée sur un milieu poreux ou granulaire pour remplir au moins une des conditions nécessaires à l’autoéchauffement», explique la Commission des normes et de la sécurité au travail canadienne. Un risque particulier existe lorsque des chiffons en sont imbibés. L’huile se trouve alors sur un matériau poreux, et est dispersée sur une grande surface en contact avec l’air, ce qui n’est pas le cas dans son flacon. Elle est ainsi susceptible de réagir avec l’oxygène et de s’oxyder. Lorsque plusieurs chiffons sont entassés, par exemple dans un seau, la chaleur dégagée par la réaction d’oxydation ne parvient pas à se dissiper. La température monte, accentuant encore la réaction, jusqu’à atteindre parfois l’auto-inflammation.
L’huile de lin n’est pas le seul produit susceptible de connaître une combustion spontanée. C’est aussi le cas, par exemple, du charbon de bois, des déchets de poisson, de l’huile de foie de morue ou encore de la nourriture pour animaux à base de semoule de maïs.
seb