Penser à sa mort n’est pas facile. Pourtant, les Romands sont de plus en plus nombreux à vouloir organiser et payer eux-mêmes leur dernière cérémonie. Selon Edmond Pittet, directeur et praticien des Pompes Funèbres Générales à Lausanne, les obsèques sont désormais planifiées par les personnes de leur vivant dans 15% des cas. Et, si la grande majorité des clients a plus de 60 ans, les quinquagénaires sont aussi de plus en plus nombreux à s’intéresser à ce genre de contrats. Les principales raisons invoquées? Décharger la famille de soucis administratifs et financiers ou s’assurer que ses dernières volontés soient bien respectées.
Proposée par des entreprises de pompes funèbres ou des sociétés indépendantes, la prévoyance funéraire permet de définir presque tous les aspects de son enterrement. Mode de sépulture, choix du cercueil, de la décoration florale, de la tenue vestimentaire, de la musique ou même de la nourriture servie lors de l’apéritif, aucun détail n’est laissé au hasard.
Pour comparer l’offre en Suisse romande, nous nous sommes intéressés aux conditions contractuelles d’une dizaine d’établissements représentant une trentaine de filiales présentes dans différents cantons (voir tableau).
Un prix qui peut évoluer avec le temps
Le coût d’un contrat de prévoyance funéraire est similaire à celui d’un enterrement. Selon le genre de cérémonie choisi, les fournitures sélectionnées, les prestations et le lieu de domicile, la facture peut ainsi aller du simple au quadruple. Il est donc difficile de faire des comparaisons sur ce point-là. En revanche, il est possible de se pencher sur l’évolution des prix. Car, entre le paiement et l’exécution du contrat, des années peuvent s’écouler. Jusqu’à trente ans, selon Florence Bedoian, directrice administrative d’Azur Prévoyance Funéraire.
La majorité des sociétés contactées garantissent le prix de leurs propres prestations, mais ajustent le coût de celles accomplies par des tiers. Cela signifie que les coûts du cercueil et de la mise en bière sont fixes. En revanche, la potentielle augmentation de la taxe d’inhumation devra, elle, être payée par la famille après les obsèques. Même chose si la TVA augmente entre la signature et le décès.
Toutes les entreprises approchées acceptent un versement unique ou en tranches. Certaines limitent néanmoins ces tranches à six ou à douze. A noter qu’elles établissent parfois aussi des formules sans paiement à l’avance (lire encadré «Formulaires dernières volontés»).
Une résiliation plus ou moins onéreuse
Préparer ses funérailles est une démarche délicate. Il n’est donc pas impossible de vouloir changer certaines prestations ou de carrément souhaiter annuler le contrat. Dans ce cas, la majorité des sociétés appliquent des frais, qui ne dépassent en général pas quelques centaines de francs. Dans notre échantillon, seules deux entreprises le font gratuitement. Une troisième, Pompes funèbres Bongard, se contente de garder les intérêts de la somme.
Une fois le contrat signé et la somme réglée, il est conseillé de glisser une carte indiquant l’existence d’une prévoyance funéraire dans son portemonnaie ou dans ses papiers officiels. Il peut néanmoins arriver que la famille organise et paie elle-même les obsèques sans savoir que des dispositions avaient déjà été prises. Dans de tels cas et sur présentation des factures, toutes les sociétés s’engagent à rembourser l’argent déboursé aux proches.
Quelles garanties en cas de faillite?
Il est une autre question qui se doit d’être posée quand l’exécution d’un contrat peut parfois se réaliser des dizaines d’années après sa signature: que se passe-t-il en cas de faillite? La majorité des pompes funèbres sont certes des entreprises familiales qui existent depuis plusieurs générations. Mais, même si elles se portent financièrement bien aujourd’hui, difficile d’exclure que l’une d’entre elles ne fasse un dépôt de bilan dans vingt ou trente ans.
Pour éviter que cette éventualité ne mette leurs clients dans l’embarras, les entités contactées ont mis en place diverses stratégies. Il y a, d’une part, les sociétés de prévoyance funéraire, comme Aléa ou Azur, qui sont indépendantes des filières de pompes funèbres avec qui elles travaillent. Ces dernières ne reçoivent alors l’argent qu’au moment du décès.
De manière similaire, d’autres, comme les Pompes Funèbres Arc-Jura Voisard SA, placent directement les sommes collectées sur la caisse «prévoyance décès» de l’Association suisse des pompes funèbres. En cas de faillite, les montants ne sont ainsi pas affectés.
Seules trois pompes funèbres, Bongard, Cano et les officielles de Lausanne, ont confirmé restituer l’argent en cas de faillite sans préciser les moyens mis en place pour s’en assurer.
Bernard Utz
Pratique
Formuler ses dernières volontés
Certaines sociétés, comme les Pompes Funèbres Arc-Jura Voisard ou Niggli SA proposent également des formules sans prépaiement. Dans le cas d’Arc-Jura Voisard, il s’agit d’un dossier contenant les dernières volontés avec un devis qui peut ensuite être remis à la famille. Celle-ci pourra l’utiliser comme base pour organiser les obsèques. Il n’y alors ni contrat ni paiement avant les funérailles, mais les proches ont une charge administrative moindre au moment du décès.