Le salaire d’un employé est relativement bien couvert en cas d’accident, puisque la loi lui accorde 80% de son revenu (toutefois plafonné à 148 200 fr.) durant deux ans, l’AI et la caisse de pension prenant le relais en cas de prolongation. Mais neuf fois sur dix, un arrêt de travail prolongé est dû à une maladie, pas à un accident!
Et, là, les choses se gâtent, puisque – à moins de bénéficier d’une assurance perte de gain collective au sein de son entreprise – le salaire ne sera obligatoirement couvert (à 100%) qu’en fonction de l’échelle de Berne: trois semaines seulement durant la première année de service, un mois dans la 2e année, deux mois dans les 3e et 4e années, trois mois entre la 5e et la 9e année, puis un mois de plus pour chaque tranche de cinq ans supplémentaire.
Il vaut donc parfois la peine de se demander s’il ne faut pas compléter les assurances obligatoires plutôt chiches avec une assurance perte de gain complémentaire. Quant aux indépendants, la question ne se pose carrément pas, car c’est leur seule porte de salut.
Ça douille!
Le problème, c’est que ces assurances ne sont pas données! Notre tableau le démontre: une indemnité journalière de 274 fr. (correspondant à un salaire mensuel de 7700 fr. environ, payé 13 fois) coûte entre 1450 fr. et 3592 fr. par an! Une prime qui va varier en fonction de l’âge, du canton, de la profession, mais aussi du type de police, de la somme assurée, du temps d’attente, etc. Il est donc essentiel d’étudier la pertinence d’une telle couverture avant de s’engager.
Les questions à se poser
⇨ Voulez-vous une assurance de dommages ou une assurance de somme? La première est certes moins chère, mais elle ne couvre que les dommages effectifs. Autrement dit, si un indépendant a peu gagné l’année précédant son accident ou sa maladie, il risque de toucher peu aussi. Alors qu’avec une assurance de somme (comme dans notre comparatif), il touchera un montant forfaitaire, quels que soient ses gains au moment du sinistre.
⇨ Autre point important: le délai d’attente. S’il est, le plus souvent arrêté à 30 jours pour un indépendant, il devra évidemment correspondre à la durée couverte par l’échelle de Berne pour le complément maladie d’un salarié. Plus elle est longue, moins chère sera la prime.
⇨ Si vous êtes salarié, il suffit de couvrir les prestations en cas de maladie. Si vous êtes indépendant, il faut aussi anticiper les accidents.
⇨ La somme à assurer est souvent difficile à estimer. Il faut trouver le juste milieu: ni trop – pas plus que le salaire effectif – ni pas assez, au risque de ne plus pouvoir adapter ce montant si votre salaire augmente, mais que votre état de santé n’est plus optimal.
⇨ Lors de la conclusion du contrat, vous allez devoir remplir un questionnaire de santé, ce qui va peut-être permettre à la compagnie d’émettre une ou des réserves (pas de prestation en cas de telle ou telle maladie connue). Et ne croyez pas y échapper en «oubliant» quelques problèmes, car l’assureur pourra alors invoquer une «réticence», ce qui lui permettra d’annuler les prestations sans rembourser les primes déjà payées!
⇨ Le «risque» de maternité n’est généralement pas compris dans ce genre d’assurance.
Christian Chevrolet
Décryptage: A quoi correspondent les primes
Notre tableau compare la prime annuelle que paierait un conseiller en entreprise de 39 ans, travaillant dans le canton de Berne, pour toucher une indemnité journalière de 274 fr., ce qui correspond à un salaire annuel de 100 000 fr. Le délai d’attente est de 30 jours et les prestations sont assurées en cas de maladie et d’accident, sous la forme d’une assurance de somme.
Presque toutes les compagnies commencent à verser les prestations à partir d’une incapacité de travail de 25%, puis en fonction du taux d’incapacité. Exceptions:
⇨ Concordia et Sanitas n’interviennent qu’à partir de 50%;
⇨ CPT ne connaît pas de limite inférieure, tout comme Bâloise Assurances mais pour les accidents seulement;
⇨ Visana verse une indemnité complète dès 66,6%.