Le big data fait peur. A peine prononcés, ces deux mots mis côte à côte renvoient vers un monde d’opacité. La récolte, le classement, la hiérarchisation, la vente de grands volumes de données inquiètent le consommateur, qui ne saisit pas bien la réelle ampleur de ces filtrages.
Les derniers scandales, dont celui de Cambridge Analytica, ont certes marqué les esprits et relancé les débats sur la question des données personnelles. Mais quelle est leur portée? Pour le comprendre, nous avons posé la question autour de nous… L’exercice a révélé un intéressant paradoxe: l’exploitation des données pose problème, sauf quand elle débouche sur des services et des produits adaptés!
Il est donc extrême, voire erroné, de condamner le traitement des données. Mieux vaut dompter leur usage. Pour ce faire, plusieurs moyens, dont celui, essentiel, de gérer correctement les procédures de consentement. Seule la plus grande transparence permettra aux acteurs de l’économie digitale de gagner la confiance du consommateur, et d’obtenir ainsi son aval.
L’Europe marche dans cette direction depuis de longs mois. En vigueur depuis mai 2016, le Règlement européen sur la protection des données (RGPD) sera applicable dès ce 25 mai 2018, sans délai de grâce, puisque les entreprises ont eu deux ans pour se mettre en conformité. Ce texte donne aux citoyens un meilleur contrôle de leurs données, il responsabilise les entreprises et renforce le rôle des autorités de protection. Comme l’expliquent les juristes de Bon à Savoir, ce règlement sonne enfin le glas du principe «Qui ne dit mot consent» (lire page 21). Un retournement de situation bienvenu et indispensable à l’heure de la transformation digitale.
En Suisse, la révision de la loi fédérale sur la protection des données (LPD) va aussi dans ce sens. Une mise en conformité avec le texte européen est une priorité, mais d’autres changements viendront... et nous les suivrons!
Zeynep Ersan Berdoz