L’arrivée d’Aldi et de Lidl, sur le marché de la grande distribution, a fait chuter les prix chez Migros et Coop. C’est ce que nos collègues du magazine alémanique Ktipp ont récemment confirmé en comparant les prix de près de 300 produits. Même Migros et Coop ont admis que la concurrence des deux discounters allemands était profitable aux consommateurs.
Le même phénomène pourrait bien se produire pour les articles de sport. Depuis près de deux ans, le spécialiste français Decathlon est parti à la conquête du marché suisse avec son magasin en ligne. Dans l’intervalle, deux succursales ont été inaugurées en Suisse romande, l’une à Marin (NE) et l’autre à Meyrin (GE). Et le géant français compte bien ne pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’il a repris les 23 magasins d’Athleticum.
Des écarts importants
Aussi, nous avons examiné les prix de Decathlon en France et en Suisse pour les confronter à ceux de deux grandes enseignes: Ochsner et SportXX. Sur la base de ce comparatif, voici les conclusions que l’on peut tirer.
⇨ Sur quatorze produits de marque, onze étaient moins chers chez Decathlon France (voir tableau ci-dessous). Pour le reste, Decathlon a pris l’avantage à deux reprises et Ochsner une seule fois.
⇨ Les différences de prix sont parfois minimes, mais elles peuvent aussi être abyssales. Les chaussures Asics Cumulus 19 (pour femmes) et GT-2000 6 (pour hommes) sont vendues 82.60 chez Decathlon France, alors qu’elles valent plus du double chez Ochsner et SportXX.
⇨ Decathlon Suisse propose les mêmes chaussures Asics pour
135 fr. C'est moins cher que la concurrence, mais 63% plus élevé qu'en France.
Plus cher qu’en France
Dans un entretien accordé à la Sonntagszeitung, le patron de Decathlon Suisse, Christian Ollier, déclarait pourtant: «Nous essayons d'harmoniser au maximum les prix de part et d’autre de la frontière.» Et de glisser que la marge bénéficiaire du groupe serait ainsi plus faible en Suisse, en raison du niveau des loyers et des salaires.
Nous avons donc demandé au géant français comment il expliquait les écarts que nous avons relevés entre ses filiales suisses et françaises. «Nous essayons d’aligner nos prix entre les deux pays pour empêcher le tourisme d’achat, explique Nathalie Herrera, porte-parole de Decathlon. Mais il faut également tenir compte de facteurs régionaux, comme les prix pratiqués par la concurrence, le taux de change et la TVA.» Argument en partie boiteux, puisque la TVA a un taux sensiblement plus faible (7,7%) en Suisse qu’en France (20%)…
Si Decathlon est moins attractif en Suisse qu’en France pour les articles de marque, il reste néanmoins plus avantageux que les enseignes helvétiques SportXX et Ochsner. Les différences sont particulièrement marquées pour les chaussures. Sur ces marques propres comme B’Twin, ou Quechua, le géant français est globalement plus cher sur le sol helvétique ainsi que l’illustre notre comparatif (voir tableau ci-dessous). Sept des onze produits que nous avons confrontés sont entre 12% et 15% plus onéreux. Trois autres articles étaient un poil plus avantageux (environ 1%), alors que le casque de ski Wed’ze Stream 500 était nettement meilleur marché dans notre pays en raison d’une action ponctuelle.
Moins cher sur le web!
Un point sur lequel le consommateur doit être attentif, c’est le manque d’uniformité tarifaire chez Decathlon. En effet, l’enseigne ne vend pas nécessairement les articles de marque au même prix sur son site web qu’en magasin. Et les différences peuvent être significatives: les chaussures de trekking Salomon X Ultra 3 GTX étaient affichées 169.90 fr. dans la succursale de Marin (NE), alors qu’elles sont vendue 105 fr. sur decathlon.ch! Lors de nos relevés, quatre produits étaient plus chers en terres neuchâteloises que sur internet et un objet était, a contrario, plus attractif. «Chaque magasin a la liberté de fixer ses prix en fonction de l’offre ou de la saison», explique Nathalie
Herrera.
Marco Diener / chp