Ne vous fiez pas aux apparences! Ce vieil adage plein de sagesse pourrait servir de conclusion à la mésaventure vécue récemment par Hugues et Viktoria Ansermoz. Nos lecteurs des Diablerets (VD) avaient décidé d’acheter plusieurs accessoires pour leur aspirateur de marque Rowenta sur internet. «Je ne voulais prendre aucun risque, j’ai donc choisi de commander sur rowenta.ch, le site officiel suisse du fabricant», confie le Vaudois. Et cela même si les pièces – un filtre HEPA, une brosse et des sacs – étaient proposés ailleurs à un prix inférieur aux 94.50 fr. payés.
Las, cette louable prudence, dont le but était d’éviter à la fois les vendeurs suspects et les frais de douane liés aux achats sur un site étranger, n’a pas tout à fait eu les effets escomptés (lire encadré).
Site suisse, marque allemande, shop français!
Hugues Ansermoz a ainsi été stupéfait lorsque le facteur lui a demandé de régler 24.35 fr. de taxation douanière! Comme d’autres lecteurs de Bon à Savoir, ces dernières années, notre lecteur a été induit en erreur par les apparences. En privilégiant un site en «.ch», où les prix sont formulés en CHF, il a cru passer commande à un marchand établi dans notre pays.
Or, ce n’est pas tout à fait le cas. Accrochez-vous: Rowenta est une marque d’origine allemande appartenant au groupe français Seb et, si ce dernier possède bel et bien une filiale dans le canton de Zurich, les ventes du site rowenta.ch réservés aux internautes suisses sont gérées… depuis la France!
Il faut savoir que les particuliers et les entreprises établis dans d’autres pays ont tout à fait le droit d’enregistrer des noms de domaine en «.ch». En effet, si certaines nations ont opté pour une politique restrictive en la matière, réservant l’accès aux extensions nationales à leurs ressortissants, d’autres, comme la Suisse, ont choisi une approche libérale. Ainsi, 14% des «.ch» sont enregistrés par des étrangers. Les plus nombreux sont les Allemands (46%) suivis, de loin, par les Français (10,5%) et les Américains (9,7%).
Procédés peu transparents
Une société étrangère peut donc utiliser en toute légalité un «.ch». Mais a-t-elle pour autant le droit d’expédier sa marchandise depuis l’étranger? La pratique n’est pas illégale, pour autant que le vendeur mentionne de manière claire et accessible que les envois sont effectués depuis un autre pays et que l’acheteur devra s’acquitter de frais de douane.
Le manque de jurisprudence permet aux marchands d’interpréter ces obligations avec une certaine largesse. Le site rowenta.ch stipule bien dans ses conditions générales de vente (CGV) que les ventes sont opérées depuis la France et que l’acheteur sera soumis à des taxes sur l’importation. Le hic, c’est que le lien pour lire les CGV n’est pas mis en évidence et qu’elles sont rédigées dans une police minuscule. De surcroît, l’information en question, pourtant cruciale, n’apparaît qu’à l’article 4 des CGV. Aux yeux de Bon à Savoir, la transparence du site est donc médiocre. Le fait que les produits soient expédiés depuis l’étranger devrait figurer en gros caractères lors du processus de commande.
la Prudence est de mise
Pour éviter les déconvenues, il appartient donc à l’acheteur de lire minutieusement les «conditions générales de vente» ainsi que les rubriques «A propos» et les «mentions légales». Et si les choses ne sont pas limpides, on peut encore s’adresser au vendeur. A l’approche de Noël, ces précautions permettront aux consommateurs qui commandent des cadeaux sur la toile, de ne pas voir leur plaisir d’offrir gâché par une facture douanière inattendue.
Sébastien Sautebin
Minimiser les risques sur le net
Hormis la question d’éventuels frais de douane, il est judicieux de rester prudents lors d’achats en ligne. Piqûre de rappel.
⇨ Les prix anormalement bas et les rabais trop généreux doivent susciter la plus grande méfiance. Le risque de contrefaçons ou d’arnaques est élevé.
⇨ Il est impératif que le vendeur offre une procédure sécurisée lors de la commande, symbolisée, dans la barre d’adresse, par un cadenas en haut à gauche et un préfixe «https://» avec un «s» pour «secure».
⇨ Etre attentif à l’adresse web et au contenu. De nombreux faux magasins utilisent un nom de site sans rapport avec la marchandise vendue et recourent à des traducteurs automatiques produisant un français truffé d’erreurs.
⇨ Sans constituer une assurance absolue, l’indication des coordonnées postales, ainsi que le contact mail et le numéro de téléphone du vendeur représentent des indices positifs de son sérieux.
⇨ En cas de doute sur l’honnêteté d’un webshop, on peut faire une recherche web pour savoir si des internautes se sont plaints à son sujet.