Il faut plonger dans l’infiniment petit pour comprendre ce qu’est une nanoparticule. 50 000 fois plus petite qu’un cheveu, la taille d’une fourmi comparée à un terrain de football.
A cette échelle, les propriétés physiques, chimiques ou biologiques de ces nouveaux matériaux offrent à l’industrie des applications inédites, que ce soit dans l’alimentation (en particulier sous forme d’additifs), les vêtements ou les cosmétiques. La tentation est donc forte d’en ajouter un peu partout, pour blanchir un dentifrice ici ou augmenter l’onctuosité d’une glace là. En 2005, une cinquantaine de produits de consommation courante en contenaient. Il y en aurait aujourd’hui plus de 1300.
Si les propriétés techniques des nanoparticules ouvrent les portes à des domaines parfois extrêmement prometteurs, un gros point d’interrogation subsiste: leurs effets sur la santé. Car leur petite taille leur permet de traverser nos barrières biologiques, comme la peau ou le système digestif, et de s’accumuler en quantités inconnues dans nos organes, nos cellules ou notre sang.
Les connaissances scientifiques encore très lacunaires sur ces substances laissent craindre des risques sanitaires et environnementaux importants. On suspecte notamment ces particules d’endommager l’ADN, d’affaiblir le système immunitaire, d’augmenter la sensibilité aux allergies, voire d’être à l’origine d’effets cancérogènes.
Pourtant, en dépit de ces incertitudes sur leur nocivité, aucun instrument d’évaluation des risques n’a été mis en place, pas plus qu’une législation particulière à ce domaine. Seule une obligation d’annonce entrera en vigueur en Suisse en mai 2021.
Dans le test que nous avons réalisé sur quinze produits contenant des dioxydes de titane et de silicium (lire notre article), la totalité contenait des nanoparticules, sans que leur présence sous cette forme soit mentionnée dans la liste des ingrédients.
Face à ces apprentis sorciers, les consommateurs n’ont donc, pour l’instant,
aucun moyen de savoir si les produits qu’ils utilisent ou avalent contiennent des nanoparticules.
En France, le dioxyde de titane (E171) sera interdit pour un an dès le 1er janvier 2020. Un principe de précaution que nos autorités, contre tout bon sens, refusent pour l’instant d’appliquer.
Pierre-Yves Muller
Rédacteur en chef