Consommer des fruits et des légumes issus de l’agriculture traditionnelle sans craindre d’ingurgiter un cocktail de produits nocifs? C’est possible selon les variétés de produits. Comme le montre le guide des consommateurs sur les pesticides, publié chaque année, par l’organisation américaine Environnemental Working Group (EWG), plusieurs sortes de fruits et de légumes ne présentent aucun ou très peu de résidus.
Le classement se base sur des centaines de tests réalisés par les autorités américaines. La liste ne peut certes pas être transposée à l’identique pour la Suisse, car les conditions de cultures sont différentes. Mais selon Lucius Tamm, chef du département des sciences des plantes de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), trois catégories de fruits et de légumes sont effectivement moins touchées par les pesticides.
⇨ Les variétés qui possèdent une écorce ou une enveloppe épaisse. On pense, par exemple, aux mandarines qui, une fois pelées, ne renferment pratiquement aucun résidu, comme l’avait montré un test de notre partenaire K-Tipp en 2008. La chair des avocats est également très peu touchée par les pesticides, révélait une enquête de A bon entendeur, au printemps dernier. Le jus d’orange est également épargné, indiquait un test de K-Tipp en 2018. Mais, attention, pour l’utilisation du zeste des agrumes, il est impératif d’opter pour des produits non traités.
⇨ Les variétés résistantes aux maladies et aux parasites. C’est le cas, par exemple, de l’aubergine suisse qui exige peu de traitements: «Sa culture dans nos régions est relativement récente et les parasites ne se sont pas encore attaqués à ce fruit», note Lucius Tamm. Ce n’est cependant pas le cas de certaines aubergines importées, comme l’a montré un test que nous avons réalisé en 2018 (lire «Des légumes gorgés de fongicides et de pesticides» sur bonasavoir.ch).
⇨ Les variétés qui sont traitées longtemps avant la récolte. On citera les asperges dont le dernier traitement a lieu presqu’une année avant la récolte.
A contrario, les fruits et les légumes dont les parties consommables sont directement exposées aux traitements – comme la salade ou l’épinard – sont plus pollués. Idem pour les cultures sensibles aux maladies. Plusieurs de nos tests ont notamment montré que les pommes, les raisins et les fraises sont parfois de véritables cocktails de pesticides. C’est le cas aussi des pêches et des figues qui sont récoltées peu de temps après le dernier traitement. Pour ces variétés-là, le choix du bio fait non seulement sens pour l’environnement, mais également pour la santé (lire encadré).
Sandra Porchet
Et le bio dans tout ça?
Nos analyses attestent régulièrement que le label bio est une garantie fiable pour consommer moins de résidus chimiques. L’achat de légumes et de fruits bio a certes un prix, mais c’est un choix pertinent pour la santé. A cela s’ajoute un respect plus grand de l’environnement grâce à l’absence de produits de synthèse. Un rapport de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), publié en août dernier, a montré que les traitements utilisés dans l’agriculture intensive polluent durablement les eaux souterraines. Or, 80% de l’eau potable en Suisse vient précisément des eaux souterraines.