Banques et assurances multiplient les invitations à se constituer un 3e pilier a pour mettre du beurre sur les épinards à la retraite. L’appel a été entendu: entre 2008 et 2018, le total des capitaux accumulés dans la prévoyance privée a passé de 61 milliards de francs à 123 milliards. Avant de verser le montant de 6826 fr. autorisé en 2020, il faut toutefois bien réfléchir et ce, pour deux raisons.
⇨ L’épargne est bloquée jusqu’à l’âge de la retraite. On ne peut la retirer que pour acheter une maison, amortir une hypothèque, partir définitivement à l'étranger, ou encore si on se met à son compte. Un placement déconseillé aux ménages qui peinent à joindre les deux bouts.
⇨ En 2019, aucune institution n’a rétribué les comptes à hauteur de l’inflation, qui a atteint 0,43%: le rendement était donc nul.
Près de la moitié (59 milliards de francs) des avoirs de prévoyance 3a sont déposés sur des comptes en banque et un bon tiers (46 milliards) auprès d’assurances, avec un rendement annuel moyen de 0,20%. Les taux varient actuellement entre 0,10% (UBS et BCJ) et 0,40% (Banque Wir)*. Séquence nostalgie: les épargnants touchaient en moyenne 7% en 1992 et encore 2,27% en 2008!
Avantage Fiscal
Le rendement n’est toutefois pas le seul critère dont il faut tenir compte. L’épargne 3a peut en effet être défiscalisée, le capital étant taxé au moment du retrait, à un taux bien inférieur à celui qui frappe le revenu. L’économie d’impôts se chiffre en centaines de francs par an, voire davantage.
Sur le plan suisse, le reste de ce bas de laine, soit 18 milliards de francs, est investi dans de l’épargne de prévoyance en titres. Selon la plateforme Moneyland qui a passé 61 fonds de placement sous la loupe, le rendement moyen des portefeuilles contenant une majorité d’actions a atteint 5% en moyenne pendant les trois dernières années. Les produits plus défensifs ont été rétribués à hauteur de 3,7% avant déduction des frais de gestion.
Cette stratégie a des conséquences financières importantes sur la durée. Selon le relevé de Vermögenszentrum VZ (voir graphique), un salarié qui a placé chaque année le montant maximal déductible dans un compte épargne bancaire 3a aura ainsi épargné 246 835 fr. depuis 1989. Les intérêts composés s’élèvent à 60 067 fr., ce qui représente un rendement annuel moyen de 2,75%. Si on tient compte de l’inflation, le gain n’est plus que de 1,57%.
En optant pour un placement dynamique, tel qu’un fonds de placement 3a, on obtient davantage sur la durée. Si ce salarié avait opté pour le produit Swisscanto LPP 3 Portfolio 45, il disposerait actuellement de 396 112 fr., ce qui équivaut à un rendement moyen annuel de 5,14% ou 3,93% après déduction du renchérissement.
Attention toutefois: comme le montre la courbe supérieure de ce graphique, le rendement des fonds de placement n’est pas régulier. Cette solution implique d’investir à long terme, avec un horizon de 12 ans au moins. Il serait en effet dommage de devoir retirer son avoir au moment de partir à la retraite, alors qu’un aléa de la Bourse vient d’annuler le rendement obtenu.
Mieux vaut en outre avoir les nerfs solides. Car si la courbe du fonds Swisscanto avait le vent en poupe à la fin de 2019, elle peut aussi repartir à la baisse en 2020.
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Claire Houriet Rime / maf
Les actions rapportent davantage que l’épargne
Intérêts composés de l’épargne de prévoyance sur un compte 3a ou dans un fonds de placement. Sur la durée, le 3e pilier investi dans un fonds de placement mixte rapporte davantage que les comptes bancaires. Les taux de ceux-ci ne réussissent, aujourd’hui, plus à compenser l’inflation.