Extrait pour la première fois en 1891 de l’écorce de bouleau par le chimiste allemand Hermann Emil Fischer, le xylitol a été utilisé en Finlande pendant la Seconde Guerre mondiale pour pallier la pénurie de sucre. Depuis, il est resté populaire dans les pays scandinaves. Son nom provient du grec ancien «xylo» qui signifie «bois». On l’appelle aussi «le sucre du bouleau».
Moins calorique que le sucre
Le xylitol n’est pas présent en tant que tel dans les végétaux. Il est issu du xylose (sucre du bois) qu’on extrait de la plante par hydrolyse. Le xylitol est ensuite produit par hydrogénation sous haute pression. Une grande partie de sa production provient d’épis de maïs cultivés en Chine, non garantis sans OGM. Il est hélas souvent impossible de connaître son origine dans une liste d’ingrédients comme celle de chewing-gums. En revanche, sur les paquets de xylitol, il est clairement indiqué s’il provient de bouleaux de Finlande.
Il faut aussi savoir que son procédé de fabrication l’exclut de tout label bio. Car, même si les bouleaux utilisés sont certifiés bio, le produit fini ne le sera pas pour autant. Le xylitol reste un additif (E967).
Cet édulcorant apporte environ 40% de calories en moins que le sucre de table. Cependant, il a le même pouvoir sucrant: on utilisera la même quantité de xylitol que de sucre indiquée dans une recette. Son index glycémique (12) a l’avantage d’être sensiblement plus bas que celui du sucre (65). Il est donc absorbé plus lentement et progressivement par l’organisme, ce qui prolonge le sentiment de satiété. Sa texture cristallisée et sa saveur sont relativement proches de celles du sucre de table avec, en plus, une certaine fraîcheur en bouche. Et, contrairement à d’autres édulcorants, comme l’aspartame et la stévia, il ne laisse pas d’arrière-goût.
Bon pour les dents
Au niveau de la santé dentaire, le xylitol est plutôt intéressant. En effet, la formation de caries se produit quand l’émail est attaqué par une solution acide. Or, cette acidité est produite par les bactéries qui se multiplient en se nourrissant du sucre collé sur les dents. Le xylitol a la bonne idée de bloquer ce métabolisme. Il affame les bactéries dont le nombre va diminuer, limitant ainsi la formation de la plaque dentaire.
Il a également l’avantage d’augmenter la production de salive. Celle-ci limite la prolifération des bactéries et forme, dans la bouche, un environnement alcalin (non acide). Ce processus préserve l’émail, favorise la minéralisation des dents et réduit l’incidence des caries. Mâchouiller un chewing-gum au xylitol après un repas est donc une bonne idée, d’autant plus que la mastication augmente la production de salive. Mais gare aux raccourcis hâtifs: cela ne dispense pas de se brosser les dents!
Le revers de la médaille
Le xylitol n’a pas pour autant que des bons côtés. Consommé en excès, il occasionne ballonnements, crampes et diarrhées. La raison? Il n’est assimilé que partiellement: environ 40% du xylitol passe «tout droit», ce qui occasionne des troubles digestifs. Si on n’a pas l’habitude d’en consommer, mieux vaut y aller progressivement, et surveiller les éventuels effets inconfortables. Quoi qu’il en soit, il est recommandé de ne pas consommer plus de 50 g de xylitol par jour pour un adulte. Attention également à ne pas en laisser à la portée de son chien, car il peut être mortel pour les toutous!
Si cet édulcorant peut s’avérer pertinent pour les personnes diabétiques et ceux qui désirent limiter leur part de sucre dans l’alimentation, il ne constitue pas la solution miracle, car il entretient le goût au sucré. Actuellement, aucune étude n’est d’ailleurs venue étayer ses effets sur une perte de poids durable. Seule certitude, le xylitol a un effet positif sur notre santé buccodentaire. Relevons toutefois que son prix reste prohibitif, à l’image du paquet Xylit vendu chez Coop à 11.20 fr. le kilo, soit plus de dix fois plus cher que le sucre blanc crisallisé.
Doris Favre, diététicienne diplômée