Pourra-t-on voyager pendant la pause estivale ou, au contraire, se faire rembourser les billets et les séjours réservés avant que le coronavirus ne bouleverse nos habitudes? Cet été, la souplesse est de mise pour franchir les frontières, car les plans de vols, la desserte ferroviaire et les règles sanitaires en Europe évoluent constamment. Ne pas oublier non plus de s’équiper de masques, obligatoires dans la plupart des trains et des avions au départ de la Suisse.
Avant de réserver un billet, un hôtel ou de faire le plein du camping-car, la première chose à faire est de s’assurer que tous les feux sont au vert dans le pays de destination* et que l’opération peut être annulée à moindres frais en optant pour des titres de transport modifiables. Le coronavirus a été déclaré pandémie par l’Organisation mondiale de la santé, le 11 mars 2020, à 16 h 27. Depuis lors, nul n’est censé ignorer les risques pris en réservant un voyage.
Confinés en Europe
Les barrières érigées, ce printemps, entre les pays de l’Espace Schengen sont théoriquement tombées depuis la mi-juin entre 22 états de l’UE, la Suisse, le Liechtenstein, l’Islande et la Norvège ainsi que Monaco, Saint-Marin et le Vatican.
Chaque Etat peut toutefois édicter ses propres règles sanitaires pour les arrivants et les modifier si de nouveaux foyers d’épidémie apparaissent. La frontière terrestre entre l’Espagne et le Portugal a été ainsi l’une des dernières à s’ouvrir, mais la ville de Lisbonne a dû resserrer la vis pour maîtriser la contagion. En Scandinavie, seule la Suède accueille les touristes suisses, les autres pays n’acceptant que les entrées motivées notamment par un emploi.
Parmi les pays européens qui ne font pas partie de l’Espace Schengen, la Grande-Bretagne et l’Irlande imposent une quatorzaine et il faut prouver qu’on a réservé un hébergement pour pouvoir entrer en Croatie. Quant à l’ouverture des frontières au-delà de l’Europe, elle est incertaine.
Embarquement immédiat
Depuis la mi-juin, les compagnies aériennes rétablissent progressivement leurs plans de vol en Europe. EasyJet promet d’adapter la desserte selon la demande et l’assouplissement des restrictions. Air France prévoit, de son côté, d’atteindre le 40% de son activité normale au mois d’août. Dans la plupart des compagnies, les passagers sont invités à se limiter à un seul bagage à main et à s’enregistrer en ligne pour éviter les attroupements avant le départ. Le port du masque est obligatoire à l’aéroport de Bâle-Mulhouse ainsi que chez EasyJet, Air France, Tap Air ou Lufthansa. Il est recommandé à Cointrin et à Kloten ainsi que chez Swiss ou Edelweiss. A noter que les services des douanes considèrent le gel hydroalcoolique comme un médicament. Son volume est ainsi limité à 500 ml et non à 100 ml comme les autres cosmétiques.
Avions encore cloués au sol
Du côté de la compagnie aérienne, les billets sont perdus si le vol est maintenu et qu’on annule le voyage de sa propre initiative. Reste que, si les frontières s’ouvrent peu à peu, les restrictions sont encore nombreuses et beaucoup de vols finissent par être annulés… au dernier moment. La compagnie vous proposera alors un report des dates sous la forme d’un avoir limité dans le temps. C’est une solution intéressante pour les voyageurs flexibles, mais qu’on peut refuser si c’est le transporteur qui a annulé le voyage. A noter que Swiss n’a pas encore remboursé les passagers pour les vols annulés depuis le début de la pandémie: la compagnie explique être submergée par les demandes.
Assurance voyage
En dernier recours, l’assurance voyage pourrait éventuellement couvrir les frais d’annulation, billets d’avion ou nuits d’hôtel perdus. Mais ce sera au cas par cas, selon les conditions générales de l’assurance en question. Rien ne garantit donc de pouvoir rentrer dans ses frais, même avec les meilleures raisons du monde de renoncer à un voyage prévu à la fin de l’été et acheté avant l’épidémie de coronavirus. Un problème de santé ou une mise en quarantaine qui empêche de prendre un vol de retour ne suffiront pas à émouvoir la compagnie.
Chambre avec vue
Pour les réservations d’hôtel, ce sont les conditions générales de l’établissement qui s’appliquent. Si on n’a pas opté pour des nuitées annulables au moment de réserver, il ne faut pas espérer être remboursé si on renonce de son plein gré au séjour. Et ce, même si les vols ou les autres moyens de transport ont été annulés: du moment que l’hôtelier vous ouvre les portes de son établissement, il n’a pas à assumer les problèmes dus aux autres prestataires.
Pas envie, remboursé?
Si, au contraire, vous avez réservé depuis longtemps des vacances en Toscane, mais que la perspective d’aller rêvasser au bord de la Méditerranée avec masque et gel hydroalcoolique ne vous emballe plus autant, vous devrez annuler votre voyage de votre propre initiative. Idem si vous réglez aujourd’hui, en toute connaissance de cause, un voyage en Grèce pour l’automne et qu’un nouveau foyer de Covid-19 vous barre la route.
Avec la réouverture progressive des frontières européennes, il est en effet de plus en plus risqué de tabler sur une annulation du vol par la compagnie. Idem pour les hôtels, souvent prêts à accueillir les touristes à partir de juillet.
En cas d’annulation par le voyageur, le remboursement dépend notamment du mode de réservation.
Trains de nuit rétablis
Les liaisons internationales ferroviaires sont peu à peu rétablies depuis le mois de juin, de même que les trains de nuit affrétés par les Chemins de fer autrichiens (ÖBB). Ces derniers offrent aux familles la possibilité de réserver un compartiment privé. Il faut toutefois attendre le 7 septembre pour la liaison directe avec Venise. Les compagnies ferroviaires mettent du gel hydroalcoolique à disposition des passagers et garantissent la désinfection régulière des voitures. Quant aux passagers, ils doivent porter un masque dans les chemins de fer français, allemands et autrichiens.
Agences de voyages
Lorsque le vol et l’hébergement ont été réservés par le biais d’une agence, l’annulation du séjour se fera aussi par le truchement du voyagiste, mais selon ses conditions générales. Il peut facturer des frais d’annulation correspondant à un pourcentage du prix du voyage, aux frais de dossier, à un acompte perdu, voire refuser tout remboursement. Certaines grandes agences se montrent toutefois plus souples et proposent proactivement l’annulation sans frais des séjours réservés jusqu’à une certaine date. Cette initiative «personnelle» dépend toutefois du bon vouloir du voyagiste. Pour reporter la date du départ, il faudra aussi négocier avec le tour opérateur. Celui-ci n’est effectivement pas obligé de modifier la réservation, et ce, même si on est prêt à payer un supplément.
Kim Vallon, Claire Houriet Rime
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