Sur les quatorze tubes analysés, trois se détachent du lot: le Colgate Fresh Gel, le Candida Fresh Gel et le Meridol Baume pour les dents. Ce sont les seuls dentifrices qui ne renferment ni dioxyde de titane ni substances allergènes (lire «Les critères du test»).
Des qualités qui se paient: à 5.20 fr. les 100 ml, le Meridol est le plus coûteux de notre échantillon. Le Colgate, arrivé en tête, et le Candida, deuxième, sont proposés à des prix plus doux: respectivement 2.28 fr. et 2.20 fr. les 100 ml (voir tableau). Ils n’en demeurent pas moins beaucoup plus chers que certains concurrents comme le M-Budget ou le Prix Garantie vendus 48 ct. les 100 ml. Ces deux pâtes bon marché obtiennent d’ailleurs de très bonnes notes au critère de l’abrasivité, mais elles sont pénalisées par la présence regrettable de nanoparticules de dioxyde de titane, comme près de 80% des dentifrices testés.
Inflammations et cancers
Ce colorant n’est d’aucune utilité dans le nettoyage des dents. Il ne sert qu’à renforcer la blancheur ou la brillance. On le retrouve dans des produits très variés: bonbons, biscuits, gommes à mâcher, cosmétiques, médicaments, peintures et on en passe.
Notre analyse a montré que onze des quatorze pâtes renferment du dioxyde de titane sous forme de nanoparticules (moins d’un dix millième de millimètre). Ces dimensions microscopiques confèrent aux matériaux des propriétés inédites avec des avantages, mais aussi des risques mal connus. Le dioxyde de titane des dentifrices parviendrait ainsi à traverser la muqueuse de la bouche et des intestins. Plusieurs études réalisées sur des animaux montrent qu’il peut, dans des dimensions nanométriques, s’introduire dans les cellules, provoquant des inflammations et favorisant la survenue de cancers.
Les fabricants rétorquent que le dentifrice ne présente pas de risques pour les humains, car les quantités absorbées lors du brossage seraient très faibles. Par ailleurs, d’après une évaluation de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), l’exposition alimentaire au dioxyde de titane ne constituerait pas un problème sanitaire pour les consommateurs, selon les connaissances actuelles. Mais l’EFSA souligne aussi l’importance de mener de nouvelles recherches, notamment sur le potentiel cancérigène de la substance et ses effets possibles sur le système reproducteur. En attendant, l’Autorité recommande de «favoriser des alternatives sûres et équivalentes en termes d’efficacité».
CI 77891 sur l’emballage
A nos yeux, le risque est d’autant moins acceptable que ce colorant n’a qu’un rôle esthétique. Nous avons donc pénalisé de 1,5 point les tubes qui en contiennent.
Les enfants devraient utiliser des pâtes qui en sont exemptes, car ils en avalent souvent une partie en se brossant les dents. Une étude réalisée aux Pays-Bas, en 2016, a montré que la majeure partie du dioxyde de titane décelé dans leur organisme provenait d’ailleurs du dentifrice. Sa présence est souvent mentionnée par l’indication «CI 77891» ou «Titanium dioxide» dans la liste des ingrédients.
Une abrasivité globalement bonne
Nos analyses comportent tout de même une bonne nouvelle: presque tous les produits traitent les dents en douceur. Pour bien nettoyer, il faut qu’un dentifrice quotidien soit abrasif, mais pas trop, sinon il enlèvera une quantité excessive de matière dentaire. Le risque de caries s’en trouvera augmenté ainsi que la sensibilité des collets au chaud et au froid. Tous nos achats obtiennent une bonne ou très bonne note sur ce critère, à l’exception du Nevadent Complex 3, seulement «satisfaisant».
Nous n’avons testé que des dentifrices contenant du fluor. C’est «l’anti-caries» par excellence. Lors du brossage, les ions de fluorure se déposent sur la couche superficielle de l’émail, rendant les dents plus résistantes à l’acide. En outre, le fluor inhibe la prolifération des bactéries. Les pâtes de notre tableau contiennent, selon les fabricants, entre 0,13% et 0,15% de fluorure, une quantité considérée comme idéale. Nous n’avons pas vérifié ces chiffres par analyse. Nos précédents tests ont montré que les quantités spécifiées sont respectées.
Les critères du test
Deux laboratoires ont testé les dentifrices selon les critères suivants.
Abrasivité
Les dentifrices doivent avoir un effet abrasif, sans endommager l’émail et la dentine sous-jacente. L’indice RDA détermine le degré d’abrasivité. Pour ce test, la dentine a été délimitée par un marqueur radioactif. Une machine a brossé les dents selon des conditions précises. Les experts ont déterminé, ensuite, la quantité de dentine enlevée par le brossage. Les chiffres mentionnés par les fabricants sont à considérer avec prudence, car les tests ne sont pas menés avec des critères uniformes.
Présence de substances critiques
Dioxyde de titane
Cet additif peut pénétrer les muqueuses lorsqu’il est utilisé sous forme nanométrique, c’est-à-dire d’entités dont le diamètre est inférieur à 100 nanomètres (100 millionièmes de millimètre). Pour la première fois dans nos tests de dentifrices, nous avons donc demandé aux experts de rechercher la présence de nanoparticules de dioxyde de titane.
Parfums allergènes
Le labo a recherché 26 parfums susceptibles de déclencher des allergies. Les fabricants doivent les déclarer lorsque leur présence dépasse 10 mg/kg. Le labo a décelé un seul excès: le Signal XXL contenait 4,2 g d’alcool benzylique par kilo. Cette substance peut provoquer des allergies de contact chez les personnes sensibles. Une pénalité d’un demi-point lui a été infligée.