Sans le savoir, vous avez peut-être acheté une tondeuse à barbe susceptible d’exploser, un costume de Dark Vador qui s’enflammera comme le bonhomme hiver à la moindre étincelle, un hamac au crochet défectueux ou un fromage de chèvre bourré de salmonelles. Ces exemples, authentiques, montrent que différents objets et denrées alimentaires vendus dans notre pays peuvent présenter un danger réel en raison de problèmes de fabrication. Les produits que nous venons d’évoquer ont donné lieu à des rappels et à des mises en garde publiques. Mais encore faut-il en avoir connaissance, faute de quoi votre rasage matinal ou votre prochaine sieste entre deux arbres risque bien de vous réserver une très mauvaise surprise.
Retrait, rappel et mise en garde publique
En Suisse, selon la loi, les entreprises sont tenues d’agir lorsque les marchandises qu’elles importent, fabriquent, distribuent ou vendent présentent un danger pour la santé. Elles doivent alors collaborer avec les autorités cantonales compétentes et prendre une série de mesures. Ainsi, lorsque le produit ne satisfait pas aux dispositions du droit, mais ne comporte pas de risque sanitaire, l’entreprise procède simplement à un retrait des rayons. Les exemplaires vendus ne sont pas rappelés et il n’est pas nécessaire d’avertir les consommateurs.
En revanche, lorsqu’il existe un danger et que la marchandise a déjà été commercialisée, l’entreprise doit interrompre les ventes, enlever les lots des rayons et procéder à un rappel des exemplaires déjà écoulés.
«Nous rédigeons alors un communiqué à l’intention des médias, nous publions le rappel sur notre site et les médias sociaux. De plus, nous envoyons aussi un courrier à tous les détenteurs de la carte de fidélité Cumulus qui ont acheté le produit», explique Tristan Cerf, porte-parole de Migros. Une stratégie que Coop applique également avec les possesseurs de sa Supercard, sans que ce soit toutefois systématique. Mais ces mesures ont leur limite: «Il faut relativiser leur efficacité lorsqu’il s’agit de produits frais, reconnaît Tristan Cerf. Il y a de grandes chances qu’ils aient déjà été consommés à la réception de la lettre.»
Enfin, au stade supérieur, les autorités fédérales compétentes peuvent décider d’avertir les consommateurs par une mise en garde publique. «L’évaluation se fait au cas par cas, précise Nathalie Rochat, parole-parole de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). Il faut qu’il existe un besoin urgent d’avertir la population. Nous communiquons, alors, la mise en garde à une liste de plus de mille contacts, dont les médias, et nous la publions sur notre site.»
Cette procédure fédérale, qui inclut aussi un retrait de marchandises des rayons et un rappel, optimise le degré de diffusion, mais le consommateur peut tout de même passer à côté de l’information.
Une solution, le Bfc
Sans verser dans la paranoïa, on peut être proactif si l’on souhaite minimiser le risque. Eplucher les médias, les sites des entreprises et des offices fédéraux compétents serait vite fastidieux. Il existe une solution très simple, souvent méconnue des consommateurs: le site du Bureau fédéral de la consommation (BFC). Ce dernier centralise tous les avis – rappels et mises en garde publiques – publiés par les autorités de surveillance sur les produits présentant un risque pour la santé (lire encadré). En 2019, le BFC a diffusé 134 alertes sur son site.
Sébastien Sautebin
--> MISE À JOUR du 8 décembre 2020
Depuis le 8 décembre 2020, une nouvelle application, nommée RecallSwiss, centralise les mises en garde publiques, rappels de produits et alertes de sécurité publiés dans notre pays. Elle devient l’outil de communication principal des autorités pour mettre en garde les consommateurs contre les produits dangereux. RecallSwiss s’installe aussi bien sur les appareils mobiles que les ordinateurs. Les alertes sont classées par ordre chronologique et une photo, visible immédiatement, accompagne chaque publication. L’application permet d’effectuer des recherches spécifiques en entrant par exemple le nom d’un produit ou une caractéristique (par exemple: sésame). Les consommateurs ont également la possibilité de signaler des produits dangereux.
L’application est peut être téléchargée sur www.recallswiss.admin.ch. Les consommateurs peuvent s’abonner à un service d’alerte SMS ou par courriel, pour toutes les annonces ou par types de produits. Ce service remplace celui en vigueur jusqu’à présent. Les abonnés actuels vont recevoir un lien pour s’y inscrire.
En pratique
Être informé directement
Le site du Bureau fédéral de la consommation (konsum.admin.ch) publie tous les rappels de produits ainsi que les mises en garde publiques émis par les autorités de surveillance – comme l’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV) ou le Bureau de la prévention des accidents (BPA) – avec les distributeurs. Le BFC diffuse aussi ces informations sur les réseaux sociaux comme Twitter (Rappel de produit CH@rappel_ch) et Facebook (Rappel de produits Suisse). Il est ainsi possible de s’abonner à ces flux pour recevoir les infos, par exemple directement sur son mur d’actualités Facebook. Enfin, on peut aussi être informé, désormais, directement par un service gratuit d’alerte par SMS (bit.ly/3pzfETW).