L’annonce survenue, l’été dernier, a fait l’effet d’une bombe. Les chaînes du service public (RTS, SRF, RSI) ne diffuseront plus aucun match de Coupe d’Europe en direct dès la saison 2021-2022. Un coup dur pour les amateurs de football, qui devront se contenter de résumés en fin de soirée.
Teleclub, filiale de Swisscom, a obtenu les droits exclusifs de diffusion de la Ligue des champions pour trois saisons, de 2021 à 2024. Elle les retransmettra sur son canal blue Sports. L’opérateur a par ailleurs vendu les droits de sept rencontres, non pas à la SSR, mais au concurrent alémanique CH Media, qui exploite notamment les chaînes 3+ et TV24. Ces sept matchs seront diffusés gratuitement en Suisse romande sur la chaîne de Swisscom blue Zoom.
Le prix fort
Le géant bleu a payé le prix fort pour s’arroger les droits de la Ligue des champions et de l’Europa League. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué. Selon Roland Mägerle, chef de l’Unité commerciale du sport au sein de la SSR, l’opérateur devra débourser plus de 28 millions de fr. par saison.
Swisscom aime à se qualifier de société anonyme cotée en Bourse, mais, en fin de compte, il reste une entreprise semi-publique, détenue majoritairement par la Confédération (51%). Et il a contourné la SSR dans la revente de ses droits de diffusion.
Public perdant
La SSR dépense environ 46 millions par an pour l’acquisition de droits sportifs. Pour pouvoir continuer de diffuser la Ligue des champions, elle aurait dû payer plusieurs fois le montant qu’elle verse actuellement. En tant que média financé par la redevance, la SSR s’est fixé une limite dans la négociation et a refusé de verser de telles sommes.
«Le public est le grand perdant de la stratégie de Swisscom», regrette Roland Mägerle. Les matchs européens seront diffusés sur des chaînes à péage pour un public plus restreint. Pour ces plateformes, le sport est considéré comme un produit d’appel, qui permet d’attirer de nouveaux clients. Reste que ces investissements sont très difficiles à rentabiliser.
Idem pour le hockey
Face à cette surenchère, la SSR pourra-t-elle continuer de diffuser du football? Elle conserve pour le moment les droits de la Coupe du monde et de l’Euro ainsi que de l’équipe nationale. Le service public continuera en outre à diffuser un match par journée de Super League pour quatre saisons supplémentaires, a annoncé le mois dernier la Swiss Football League.
Les droits de diffusion du hockey sur glace suivent la même tendance. En dix ans, la facture aurait quadruplé pour atteindre environ 35 millions par saison. UPC s’adjugera-t-il de nouveau les droits? D’autres candidats, comme CH Media et Blick TV, sont prêts à se lancer dans la course. En tous les cas, la situation ne sera pas simple pour le service public.
Marco Diener / Alexandre Beuchat
Eclairage: Le prix de la passion
Swisscom Le prix pour blue Sports (ex-Teleclub) en français est de 19.90 fr. par mois. Le bouquet permet notamment de regarder les matchs de Super League, de Challenge League et de la Ligue des champions. En l’absence de raccordement TV, on peut s’abonner via l’application blue TV Air free. La durée minimale de contrat est de six mois, avec un délai de résiliation de trois mois. Il est en outre possible d’acheter des matchs à l’unité. Swisscom a récemment augmenté le prix de 5 fr. à 7.90 fr. (9.90 fr. pour les matchs internationaux).
UPC MySports Pro coûte 25 fr. par mois. Pour en disposer, il faut un abonnement TV de base auprès de UPC ou d’un membre de Suissedigital. La plateforme transmet entre autres les rencontres de National League de hockey sur glace. La durée minimale de contrat est de trois mois, tout comme le délai de résiliation. Il est aussi possible de souscrire un forfait journalier pour 9 fr.
Le monde du sport télévisé a vécu un autre bouleversement, l’automne dernier: Swisscom et UPC ont enterré la hache de guerre. On peut désormais suivre les rencontres de football et de hockey sur glace sur la même plateforme, grâce à un principe d’échange entre les deux entreprises. Reste à en payer le prix. Il est aussi possible de s’abonner à MySports et blue Sports par le biais de l’application Sky Sport.