Fini le temps où s’arrachait la télécommande. Aujourd’hui, la mère de toutes les batailles à la maison, c’est la puissance de l’internet. Les opérateurs l’ont bien compris et, depuis l’an dernier, plusieurs d’entre eux ont concocté des abonnements XL, promettant une vitesse de téléchargement de 10 gigabits à la seconde (10 Gbit/s), soit mille fois plus que le minimum légal de 10 mégabits (10 Mbit/s).
Pourtant, nombre d’utilisateurs nous font part de leurs déceptions. «C’est un couac, affirme un lecteur genevois, parce que ni les routeurs fournis ni les smartphones et les ordinateurs actuels ne permettent d’atteindre ce niveau!» (voir tableau).
Nous vendrait-on du rêve avec ces débits mirobolants?
Mails ou vidéo HD
«Pour relever ses mails ou réserver un hôtel sur un vieux smartphone, un débit minimum de 5 à 10 Mbit/s est suffisant», admet Alicia Richon, porte-parole de Swisscom. Les logiciels de vidéoconférence ne sont guère plus gourmands. Netflix recommande, de son côté, un débit de 25 Mbit/s pour des vidéos en ultra-haute définition.
Les choses se corsent quand toute la famille est connectée, même s’il est rare que chacun télécharge des fichiers lourds en même temps: une connexion de 50 Mbit/s à 100 Mbit/s suffit en principe à éviter de se marcher sur les pieds.
«Quand on utilise une connexion en wifi, la vitesse dépend aussi beaucoup de la distance, des obstacles et des interférences radio entre l’appareil et le modem», nuance Viola Lebel, porte-parole de Salt.
Pour optimiser la transmission, le routeur doit être placé au centre du logement afin de rayonner au mieux: la distance et les parois ralentissent le débit. Selon la configuration des lieux, on achètera des répétiteurs pour améliorer la transmission du signal (lire «Répéteurs wifi: un signal dans toute la maison»).
La fréquence utilisée pour le wifi influence également la vitesse. En résumé, la bande de 2,4 GHz a une portée plus élevée, mais un débit moindre, et les risques d’interférences sont plus grands. A l’inverse, la bande de 5 GHz est moins étendue, mais sa vitesse sera plus élevée et les interférences moindres. Cette dernière n’est toutefois proposée que sur les routeurs récents.
Sur les appareils disposant d’un port ethernet, une liaison par câble garantira enfin une transmission optimale: c’est la meilleure solution pour la télévision ou la console de jeu, voire la stéréo hi-fi.
Si ces précautions suffisent à un usage normal, pourquoi, dès lors, vouloir une connexion ultrarapide? L’abonnement mensuel à 10 Gbit/s, proposé à 49.50 fr. chez Salt, coûte 90 fr. chez Swisscom et 95 fr. chez Sunrise hors promotion ou rabais de combinaison.
Le haut débit, un mythe
«Une VW Golf de 90 chevaux suffit pour rouler confortablement sur les autoroutes suisses, illustre
Alicia Richon. Beaucoup d’automobilistes préfèrent toutefois acheter une Audi avec 300 chevaux, voire une Porsche, qui permettent des accélérations plus fortes et des vitesses plus élevées.»
Va pour l’ivresse de la vitesse… moyennant quelques réserves. Seuls les ménages desservis par la fibre optique peuvent ainsi prétendre au débit maximum: la maison, et aussi l’appartement, doivent être connectés au réseau «FTTH», soit une connexion par fibre optique jusqu’au domicile de l’abonné.
Et ce n’est pas tout. A l’entrée de l’immeuble, la bande passante se divise ensuite entre les abonnés à l’opérateur choisi. Une partie de cette bande sera également requise pour gérer l’envoi des paquets de données. «Dans la pratique, précise Alicia Richon, les clients mesurent généralement des débits de 7,5, voire 8 Gbit/s.»
Reste alors à partager ce débit entre les usagers du même ménage… en fonction des propriétés de l’appareil utilisé. Notre lecteur n’a pas tort: dans ces conditions, la Porsche a peu de chance de briller par ses performances.
Claire Houriet Rime