L’annonce des nouvelles conditions générales de WhatsApp, qui invoquent un plus grand partage d’informations avec Facebook, a provoqué un vent de panique. Des millions d’utilisateurs ont quitté la messagerie pour tenter d’autres applications plus dignes de confiance. Face à cet exode, WhatsApp a décidé de reporter de trois mois, au 15 mai, l’ultimatum pour accepter ses nouvelles règles.
Facebook s’efforce d’éteindre l’incendie en assurant que son annonce a été mal comprise. «Cette mise à jour n’a aucune incidence sur la confidentialité de vos messages», souligne le groupe. Cette modification vise à développer WhatsApp comme une interface à destination des entreprises, susceptibles de payer pour communiquer avec leurs clients. L’affaire met surtout en lumière la volonté de rentabiliser la messagerie achetée en 2014 pour 22 milliards de dollars.
Jongler sur plusieurs apps
Plusieurs messageries ont profité de la communication très confuse de WhatsApp. «Threema et Signal sont les deux applications les plus sécurisées», estime Stéphane Koch, spécialiste en stratégie numérique. Ces services plus respectueux de la vie privée souffrent encore d’un manque d’utilisateurs, bien que leur nombre se soit récemment envolé. Dans l’attente d’une éventuelle messagerie centralisée, il est recommandé d’utiliser quelques applications, quitte à jongler sur plusieurs d’entre elles.
WhatsApp
Avec quelque 2 milliards d’adeptes, c’est de loin la messagerie la plus utilisée de par le monde. Y renoncer est donc compliqué. Son interface reste la plus accueillante, malgré les progrès rapides de la concurrence. La filiale de Facebook garantit le chiffrement de bout en bout de tous les échanges. Une multitude de métadonnées sont toutefois collectées (numéro de téléphone, adresse IP, type d’appareil, version de l’application, photo de profil, numéros de contact). Le service de messagerie souffre de la mauvaise réputation du réseau social américain en matière de respect de la vie privée et de la confidentialité des données.
Signal
Gratuite, elle est financée par une fondation à but non lucratif, basée aux Etats-Unis. Elle vit de dons et ne cherche pas à gagner de l’argent avec ses services. L’interface ressemble à celle de WhatsApp et les fonctionnalités sont presque similaires. En termes de sécurité, les messages sont chiffrés de bout en bout et les données ne sont pas stockées sur des serveurs. Selon les experts, les messages sont particulièrement difficiles à intercepter grâce à leur chiffrement robuste. L’inscription nécessite un numéro de téléphone plutôt qu’un e-mail, ainsi qu’un code de sécurité, qu’il faut retenir pour déverrouiller l’application.
Telegram
Egalement gratuite, elle figure parmi les messageries les plus populaires derrière WhatsApp. A la différence des autres, elle ne chiffre toutefois pas toutes les communications de ses utilisateurs automatiquement: ils doivent pour cela s’assurer que l’option est bien activée pour chacun de leurs échanges. Ce service créé par deux frères russes entend prochainement s’ouvrir à la publicité dans les canaux de discussion publics. Par ailleurs, son modèle d’affaires est peu clair et le flou demeure quant à la société derrière Telegram. La messagerie revendique plus de 500 millions d’utilisateurs, loin devant Signal ou Threema.
Threema
Il faut débourser trois francs pour télécharger l’application. Comme WhatsApp et comme Signal, Threema chiffre toutes les communications de bout en bout par défaut. Elle est l’application qui demande le moins d’informations sur son utilisateur. Il n’est en effet pas nécessaire de donner son adresse e-mail ou son numéro de téléphone pour l’employer, ce qui représente un degré de confidentialité en plus. Son architecture est décentralisée, c’est-à-dire qu’aucune donnée n’est stockée sur un serveur. L’entreprise a, de plus, l’avantage d’être basée en Suisse. «A sécurité équivalente, je préfère, en cas de problème, être soumis au droit suisse», souligne le Préposé à la protection des données en Valais, Sébastien Fanti.
Alexandre Beuchat