Le premier réflexe, quand on reçoit l’état des lieux de son 2e pilier, est de le mettre dans un tiroir en se promettant de l’examiner. Et ainsi de suite, année après année. C’est dommage, parce que ce document esquisse les perspectives de retraite: en voici les points essentiels.
Notre exemple se base sur la primauté des cotisations, le système le plus largement répandu aujourd’hui. La rente dépend alors du capital accumulé à la fin de la vie active. A noter que, pour les personnes arrivées à la retraite en 2018, la rente médiane du 2e pilier s’élevait à 1165 francs par mois pour les femmes et à 2217 francs pour les hommes.
1. Salaire assuré
On trouve ici le salaire annuel brut soumis à l’AVS (dans notre exemple: 76 155 fr.) et le salaire assuré au 2e pilier, ou salaire LPP.
Pourquoi cette différence? La Loi sur la prévoyance professionnelle (LPP) vise à compléter le 1er pilier (AVS) pour garantir un niveau décent à la retraite, en cas de décès ou d’invalidité. Dans cette logique, le 2e pilier ne concerne pas la partie du salaire qui est déjà couverte par l’AVS. Pour coordonner les deux piliers, on retranche donc du salaire brut les 7/8 de la rente AVS maximale (20 095 fr. en 2021): c’est la déduction de coordination. Résultat: le salaire assuré annuel au 2e pilier est de 51 060 fr. A noter que, selon le règlement de la caisse, la déduction de coordination peut être plus basse.
La LPP prévoit aussi un plafond à 86 040 fr. La partie de revenu dépassant ce montant est «surobligatoire»: elle échappe aux prescriptions légales (lire: «Pas que pour les riches, le surobligatoire»).
2. Avoir de vieillesse
C’est le capital acquis au moment du bouclement. Il correspond au total des cotisations de l’employeur et de l’employé après intérêts. Quant à la prestation de sortie, elle désigne la part du capital qui nous appartient si on quitte la caisse (changement d’emploi).
3. Prestations de vieillesse
ll s’agit des prévisions pour la retraite. Ici, avec un rendement du capital de 1,75% et un taux de conversion de 5,8%. La partie LPP correspond au minimum légal, qu’on appelle aussi part «obligatoire». Le taux minimum pour cette part est de 6,8%, mais la caisse est libre de fixer le taux pour la partie surobligatoire. Ici, le taux de conversion final est ainsi de 5,8%. L’institution doit pouvoir prouver en tout temps qu’elle respecte les seuils légaux pour la partie dite obligatoire.
4. Retraite anticipée
Cette rubrique indique l’avoir disponible si on rend son tablier à partir de 58 ans, l’âge minimal selon la LPP. Attention: pour toucher la rente AVS anticipée, il faut attendre 63 ans pour les hommes et 62 ans pour les femmes. Certains plans de prévoyance accordent un pont AVS pour partir avant l’âge légal sans perdre trop de plumes.
5. Prestations de décès
Elles sont octroyées à vie à l’ex-conjoint, au partenaire enregistré voire, selon le règlement, au concubin survivant. Quant aux enfants, ils touchent la rente d’orphelin jusqu’à 18 ans, 25 ans s’ils sont en formation. Le règlement de notre exemple prévoit des prestations différentes en cas de maladie ou d’accident.
6. Prestations d’invalidité (avant la retraite)
Elles complètent la rente AI de l’assuré. Selon la Caisse de pension, il faut compter avec un délai pour la percevoir. Les enfants touchent aussi une rente jusqu’à la majorité, 25 ans s’ils sont en formation.
7. Financement des prestations
Les bonifications désignent la part des cotisations qui alimentent l’épargne de vieillesse. Le montant prévu pour les risques finance les rentes en cas d’invalidité ou de décès. Quant aux frais, ils couvrent diverses primes et charges administratives. La prestation de sortie désigne le capital versé par la caisse précédente au changement d’emploi. Quant au rachat, il a été versé par l’assuré.
8. Informations complémentaires
On trouve ici le montant maximal autorisé pour un rachat (lire «Plus de retraite, moins d’impôts») et les prélèvements effectués dans le cadre de l’encouragement à la propriété du logement (EPL): ici, l’assuré a prélevé 30 000 fr. pour financer un achat immobilier. En 2004, il a versé 9000 fr. à son ex-conjointe à la liquidation du régime matrimonial. Lors de son remariage en 2005, son capital était de 37 400 fr. Ce montant n’entrera pas dans le partage en cas de nouveau divorce.
Claire Houriet Rime