La Suisse compte plus de 700 000 hamsters, cochons d’Inde, lapins, reptiles et oiseaux que leurs propriétaires gardent le plus souvent dans des cages. Et pas toujours dans des conditions respectueuses. Pour garantir leur bien-être, la législation fédérale sur la protection des animaux a fixé des règles de détention, ce qui inclut, entre autres, des dimensions minimales pour les enclos de chaque espèce. En outre, pour que les propriétaires soient bien renseignés, les vendeurs sont tenus, depuis 2018, de préciser la taille des enclos, d’indiquer les espèces à qui ils sont destinés ainsi que le nombre maximal d’individus. Ils doivent également informer l’acheteur des dispositions légales applicables.
Dans les faits pourtant, beaucoup de marchands, particulièrement sur internet, ne respectent pas ces règles. La législation sur la protection des animaux est complexe, et certaines enseignes en ligne ont des connaissances limitées sur le sujet, souvent parce qu’il s’agit de sociétés de vente par correspondance non spécialisées ou parce qu’elles sont gérées par des particuliers dont ce n’est pas le métier. De plus, les abris sont souvent fabriqués dans des pays où les contraintes ne correspondent pas aux normes minimales helvétiques.
80% des offres en ligne problématiques
Une enquête de la Protection suisse des animaux (PSA) a ainsi montré, en 2019 déjà, que plus de 80% des quelque 600 enclos contrôlés sur des sites suisses étaient trop petits ou faisaient l’objet d’indications incorrectes! Un enclos sur deux, par exemple, ne mentionnait pas la bonne espèce. Et, pour plus de 70% des cages, le nombre maximum d’individus autorisés était inexact, si bien que la PSA a informé l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), qui a écrit aux vendeurs fautifs. «Cela a apporté quelque chose, mais ce n’est malheureusement pas encore assez», reconnaît-on du côté de Berne.
Les trois exemples illustrés ci-dessous, provenant des sites suisses galaxus.ch, gonser.ch et meinwarenkorb.ch, démontrent que les problèmes subsistent.
Gonser.ch met pourtant en avant, sur son site, «son amour pour les animaux» et son soutien à la Protection suisse des animaux… Après quelques questions gênantes de notre part, la société a pris ses engagements plus au sérieux et a retiré la cage à hamsters de son assortiment. Galaxus.ch et meinwarenkorb.ch ont fait de même.
«Toute personne qui vend des enclos doit absolument connaître les exigences légales, même si elles peuvent sembler complexes», insiste Lucia Oeschger, de la Protection suisse des animaux. La biologiste regrette que certains vendeurs, sur le web particulièrement, ne montrent que peu ou pas de volonté de les appliquer. L’enjeu n’est pas anodin: «Les fournisseurs qui ne sont pas prêts à acquérir ces connaissances provoquent indubitablement des souffrances massives pour les animaux. Et celui qui garde un animal dans une cage inadaptée peut être punissable.»
Conseils pour acheter la bonne cage
Au vu de ces problèmes, la PSA déconseille d’acheter un enclos sur internet. «Nous vous recommandons de vous rendre dans une animalerie réputée, laquelle pourra donner des conseils personnalisés», précise ainsi Lucia Oeschger. Cependant, une enquête de la PSA a montré que certaines animaleries ne travaillent pas de manière satisfaisante, si bien que les futurs propriétaires ont tout intérêt à s'informer au préalable des besoins de l'espèce animale souhaitée et des lois applicables. La législation fédérale étant compliquée, l’OSAV et la PSA ont rédigé des brochures gratuites qui résument l’essentiel pour garantir le bien-être des espèces les plus courantes. Il existe aussi une check-list permettant de reconnaîtres les animaleries sérieuses. Les liens vers ces documents se trouvent en bonus web sur bonasavoir.ch.
On peut aussi, et ce serait même l’idéal selon la PSA, faire directement appel à un fabricant spécialisé d’enclos pour concevoir un abri sur mesure! Lucia Oeschger estime que «les exigences ne constituent que le minimum absolu et sont à la limite de la cruauté envers les animaux». Pour une détention véritablement respectueuse, il faudrait des espaces beaucoup plus généreux, structurés de manière variée. Un exemple: la surface minimale légale pour deux cochons d’Inde est de 0,5 m2 (100 cm x 50 cm). La PSA recommande au moins 2 m2 à l’intérieur et 4 m2 à l’extérieur. Elle souligne que ces petits rongeurs ont besoin d’un endroit spacieux, avec de nombreuses cachettes.
Daniel Mennig / seb
Illégal
Cage à oiseaux galaxus.ch
La cage à oiseaux Julia 3 que proposait la filiale de Migros, Galaxus, ne respectait pas la législation fédérale. La superficie au sol de 0,22 m2 viole les exigences minimales (0,24 m2).
Aucune espèce d’oiseau ne peut y être légalement maintenue en Suisse. En outre, les cages rondes sont généralement déconseillées, car elles ne permettent pas aux volatiles de s’orienter.
Illégal
Clapier à lapins meinwarenkorb.ch
Avec une surface au sol de seulement 34 x 81 cm, ce clapier ne respecte même pas la surface minimale légale de 0,34 m2 pour les plus petits lapins.
Illégal
Cage à hamsters gonser.ch
La société Gonser AG proposait cette cage à hamsters en précisant qu’elle convenait pour deux hamsters ou trois souris.
Faux: la cage est trop petite. Avec sa surface au sol de 58 x 38 cm, la loi prévoit qu’un maximum de deux souris ou un hamster peuvent être gardés. En outre, les hamsters doivent bénéficier d’une litière de 15 cm d’épaisseur.
La conception de cette cage ne le permet pas.