Le travail à temps partiel a nettement progressé en Suisse, passant d’un quart des actifs au début des années 1990 à plus de 37% désormais, dont une large majorité de femmes (74%). Le travail à distance a également gagné en importance, depuis la pandémie.
Le Surveillant des prix, Stefan Meierhans, estime que les transports publics doivent répondre à ces évolutions de société et «proposer de nouvelles offres adaptées à des prix attractifs». Parmi ses principales exigences: «L’introduction à court terme et, à large échelle, d’abonnements pour personnes à temps partiel ou en télétravail.» Les CFF y sont-ils disposés? L’ex-régie fédérale nous renvoie à l’Alliance SwissPass, organisation de la branche des transports publics.
Pour des temps partiels
L’Alliance SwissPass affirme «observer avec un grand intérêt» deux essais pilotes en cours auxquels elle a donné feu vert. Depuis l’an passé, les communautés tarifaires Mobilis (Vaud) et Frimobil (Fribourg) proposent, chacune, deux «FlexiAbos» permettant à leurs titulaires d’activer librement 104 ou 156 jours sur un an. Ces durées correspondent à des taux d’occupation de 40% et 60%. L’éventuelle extension à d’autres communautés tarifaires, voire à l’échelon national, dépendra du bilan de ces expériences qui sera tiré à la fin de l’année.
Les formules testées visaient des tarifs suffisamment avantageux pour séduire de nouveaux clients, sans cannibaliser les ventes et les recettes des assortiments existants. «Nous voulons attirer des gens qui ne sont pas fidèles aux transports publics. Nous préférons que les détenteurs d’un abonnement annuel le conservent», confie Sylvia Coutaz, chargée du projet à la Communauté tarifaire vaudoise. Les FlexiAbos s’insèrent donc dans une logique de paliers tarifaires qui vont de la carte journalière à l’abonnement annuel. D’ailleurs, l’idée d’un Flexi à 80% a été abandonné, car son prix se serait trop rapproché de celui de la formule annuelle.
Economique sur de grandes zones
Prenons l’exemple du Mobilis annuel sur une zone, à 660 fr.: le Flexi de 156 jours est vendu 516 fr. (voir tableau). L’économie de 150 fr. semble bien modeste (21,8%) en comparaison à la forte réduction du nombre de jours d’utilisation possible (209 jours de moins par an, soit 57%). En payant un peu plus, on pourra utiliser les transports publics beaucoup plus souvent.
L’économie devient significative avec les versions offrant une couverture géographique plus large. Pour 12 zones et plus, le Mobilis annuel (2640 fr.) coûte 579 fr. de plus que le FlexiAbo156 et même 1266 fr. de plus que le FlexiAbo 104.
Encourager les transports publics
En imaginant que les CFF adoptent des formules identiques avec le même ratio, un Flexi CFF pour 104 jours coûterait 1765 fr. de moins que l’abonnement général (AG) à 3680 fr. L’introduction d’abonnements flexibles au niveau national pourrait constituer une alternative financière intéressante à l’AG pour les pendulaires qui font de longs trajets mais peuvent télétravailler certains jours ou sont employés à temps partiel.
L’Association transports et environnement (ATE), favorable à l’introduction d’un AG à temps partiel, estime que les Flexi permettraient d’éviter que certaines personnes ne passent des transports publics à l’automobile. En revanche, la formule ne doit «pas réduire ou supprimer les rabais accordés aux AG», ni remplacer ces derniers, «utilisés par des personnes qui se déplacent souvent sans voiture, tant pour leur travail que pour leurs loisirs».
La première étude réalisée trois mois après l’introduction des FlexiAbos en terres vaudoises a montré qu’ils ont su séduire des personnes qui ne se déplaçaient que peu – ou pas – en transports publics: 41% des nouveaux abonnés ne les utilisaient qu’une fois par semaine au maximum, dont 11% moins de deux à trois jours par mois. Mais ils ne représentaient alors qu’un produit de niche, avec 2% seulement du total des ventes. L’expérience a donc été prolongée jusqu’à la fin de l’année.
Sébastien Sautebin