Rentrer chez soi trempé par la pluie, voilà qui n’est guère agréable. D’où l’utilité de vaporiser régulièrement ses vêtements ou ses chaussures avec un spray imperméabilisant. Encore faut-il en choisir un qui soit efficace. Dans cette optique, nous avons fait analyser dix produits par un laboratoire (lire encadré «Les critères du test», page 39). Tous ces sprays sont dits universels, car ils sont applicables sur tous les types de matières (cuir et textile), à deux exceptions près: deux produits du distributeur Coop, l’un spécifique aux textiles et l’autre pour le cuir. Nous les avons donc classés à part (voir tableau pages 38 et 39), même s’ils ont été jugés «bon» par nos experts et qu’ils sont peu coûteux.
Efficacité variable
Le résultat global de notre test est mitigé: trois sprays seulement obtiennent l’appréciation «bon», un la mention «satisfaisant», tandis que les six autres se révèlent «insatisfaisant». L’efficacité relative de certains produits ainsi que la trop forte teneur en microparticules, mauvaises pour la santé, expliquent ce bilan en demi-teinte.
Dans le détail, l’effet hydrofuge des produits, qui permet à un tissu d’évacuer l’eau tout en laissant passer l’air, n’est pas toujours concluant. Pour traiter le cuir, cinq d’entre eux ne remplissent pas les critères: après imprégnation, l’eau ne perle pas sur le cuir et mouille carrément une bonne partie de l’échantillon. Seul le produit de Coop (destiné au traitement du cuir) se démarque des autres (note de 5.8 sur 6).
En revanche, lorsqu’il s’agit de protéger les vêtements en polyester, les vaporisateurs s’avèrent au minimum «satisfaisant». Ceux de Coop (textile) et de K2r se distinguent clairement et satisfont parfaitement aux exigences.
Lorsqu’on imprègne une fine veste de pluie en polyester, le spray doit non seulement la rendre hydrofuge, mais également empêcher totalement l’eau de la traverser. Le produit de Coop se démarque ainsi une fois encore pour sa capacité à imperméabiliser le textile, tandis que les vaporisateurs de Dosenbach, Woly, Bama et Kiwi ne remplissent pas leur mission.
Un bon spray doit pouvoir résister et à l’eau, et aux substances huileuses ainsi qu’aux salissures. Sur ce point, globalement, les fabricants passent l’examen: leurs produits obtiennent tous au minimum l’appréciation «satisfaisant». Cinq sprays (Price Hit, Woly, Rapi, Bama et Kiwi) accusent toutefois des faiblesses, en particulier lorsqu’il s’agit de protéger le coton des taches d’huile.
Mauvais pour la santé
Si tous les produits sont globalement efficaces, ils peuvent toutefois être potentiellement mauvais pour la santé. En effet, ils contiennent tous, dans diverses proportions, des microparticules. Emises lors de la vaporisation, ces dernières s’infiltrent dans les poumons et peuvent les enflammer avec, à la clé, une toux ou des expectorations. Chez les personnes sensibles, elles peuvent même provoquer un rétrécissement des voies respiratoires, au risque de déclencher une crise d’étouffement. Au vu de ces constats, Karl Klinger, spécialiste des maladies pulmonaires au Centre pulmonaire Hirslanden de Zurich, déconseille même l’usage de ces sprays (lire encadré «Des solutions de remplacement»).
Sans aller jusque-là, l’Office fédéral de la santé publique recommande aux fabricants de respecter une teneur en microparticules inférieure à 1%. Cette simple recommandation ne se traduit cependant pas dans les faits, puisque notre laboratoire démontre que même le K2r, le moins mauvais, affiche une teneur de 1,7%. Ce spray a donc écopé d’une pénalité de 0.25 point, ramenant ainsi sa note finale à 5.2. Idem pour ceux de Dosenbach et de Woly, dont la teneur en microparticules est de 2% et qui obtiennent, au final, tous deux 3.9 points. A l’opposé, le Kiwi Aquastop a vu fondre sa note finale de 1.25 point, car il contient 15% de microparticules.
Interpellés, les fabricants nuancent les résultats de notre test, en particulier concernant les microparticules. Ainsi, Sara Lee, qui commercialise en Suisse les sprays Bama et Kiwi, lanternes rouges de notre classement, assure que des tests internes n’ont fait ressortir aucun effet néfaste durable sur la santé.
Améliorations annoncées
De leur côté, Dosenbach et Melvo (fabricant du Woly) sont catégoriques: leur produit ne présente pas de danger. Le premier ajoute que ses propres tests d’efficacité donnent de meilleurs résultats. Le second explique qu’il va en commercialiser, à partir du mois d’avril, une version améliorée qui sera composée de particules plus grosses.
Dans le même ordre d’idée, Migros indique travailler à une nouvelle recette de son Rapi Aqua Stop, lequel contiendra moins de microparticules, tout en soulignant que ses propres tests ont donné de meilleurs résultats que les nôtres s’agissant du traitement du cuir. Même topo chez Coop, qui va prochainement remplacer ses produits. Pour les reconnaître, le consommateur devra se fier à la cou-leur du vaporisateur lui-même: il sera jaune, au lieu de noir, pour le spray textile et rouge pour la déclinaison cuir.
Jeannette Büchel / nz
EN DÉTAIL
Les sprays ont été analysés selon cinq critères
Les dix produits ont été confiés au Hohenstein Laboratories, à Bönnigheim (Allemagne), qui a analysé les effets d’imprégnation des sprays, selon les procédures suivantes.
- Effet hydrofuge
Des échantillons de cuir standardisé et de polyester imprégnés ont été vaporisés à cinq reprises avec 2,5 dl d’eau. Les experts ont ensuite évalué dans quelle mesure l’action du spray empêche le liquide de s’écouler. Si aucune goutte d’eau ne perle sur le tissu, alors le spray obtient l’appréciation «très bon». Mais, lorsque la surface reste mouillée, le produit est réputé «insatisfaisant». - Imperméabilité
Du polyester a été fixé sur un récipient, puis aspergé avec 4 dl d’eau durant cinq minutes. Les experts ont par ailleurs simulé les conditions d’utilisation normale du tissu en le soumettant à des tests mécaniques. A l’issue de ces deux examens, les experts ont mesuré la quantité d’eau qui a traversé le polyester. - Effet oléofuge
Pour connaître la capacité des sprays à repousser les substances huileuses sur des tissus (cuir, coton et polyester), les spécialistes ont utilisé plusieurs liquides spéciaux. Le test est considéré comme réussi lorsque les gouttes déposées sur le tissu sont toujours de forme ronde après 30 secondes et n’ont pas été absorbées. - Effet protecteur contre la saleté
Les experts ont maculé des échantillons de tissus (cuir, coton et polyester) avec de la boue, du lait solaire et du ketchup. Après 30 secondes, ils ont ôté ces salissures avec un couteau, puis avec un chiffon humide adéquat, afin d’évaluer dans quelle mesure les taches étaient encore visibles. - Part de microparticules
La société d’ingénieurs allemande Wori a mesuré la taille des gouttes vaporisées par les sprays et celle des microparticules à l’aide d’un spectromètre. Jusqu’à un diamètre de 10 micromètres, ces dernières peuvent infiltrer les poumons et les endommager.
MOUSSE OU LIQUIDE
Des solutions de remplacement
Pour éviter d’inhaler les particules fines contenues dans les sprays, il est possible de recourir à des produits d’imprégnation commercialisés sous forme de mousse ou de liquide.
Pour les textiles, il existe les «Wash-in», qu’on utilise comme les lessives, en les plaçant dans la machine à laver. Nous en avons testé un parmi les plus achetés, le NikwaxTX.Direct, approprié pour les tissus «techniques», comme le Gore-Tex ou le Sympatex. Les experts ont ainsi jugé «satisfaisant» son effet hydrofuge. Son action imperméabilisante est, en outre, parmi les plus efficaces du test. En revanche, son effet protecteur contre la saleté a moins convaincu, puisqu’il obtient l’appréciation «satisfaisant». Enfin, les experts ont été déçus par son effet oléofuge, qu’ils ont sanctionné par une mention «insatisfaisant».
En termes d’efficacité, ce produit se situe donc dans la moyenne, mais offre l’avantage d’être exempt de microparticules.
- Nikwax TX.Direct – Prix: 19.90 fr. pour 300 ml, soit 6.63 fr./100 ml, disponible chez SportXX, Athleticum et les commerces spécialisés dans les activités «outdoor».