Ainsi donc, pour la dixième fois en dix ans, les comptes de la Confédération seront nettement meilleurs que les prévisions. Alors que, en décembre dernier, les Chambres avaient accepté un déficit de 450 millions de francs, on s’attend, aujourd’hui à un bénéfice de 860 millions. Différence: 1,3 milliard. C’est énorme, mais pas autant qu’en 2010, où le budget prévoyait une perte de 2 milliards pour, finalement, aboutir à une plus-value de 3,1 milliards.
Soyons honnêtes: il n’a jamais été facile d’établir un budget précis et il le sera de moins en moins dans le contexte économique actuel et surtout à venir. Mais, à force de crier au loup, ne fait-on pas le jeu de certains politiciens qui bondissent sur l’occasion pour demander des coupes claires, dans l’aide sociale notamment?
Exemple lors du débat au Conseil national l’an dernier. Prétextant le déficit et l’état de la dette, et refusant de tenir compte d’une prévision de la croissance plutôt optimiste, l’UDC réclamait des coupes linéaires pour un total de 336 millions de francs, frappant tant le personnel de la Confédération que les dépenses des biens et services, plus – on s’en doute – l’aide au développement, l’asile et les migrations. Elle n’a, certes, pas été suivie, mais jusqu’à quand?
Dans le canton de Berne, le pas a été franchi. Le mois dernier, cette même UDC a convaincu les députés du Grand Conseil de réduire l’aide sociale de 10%. Le geste est, bien sûr, avant tout politique, mais les prévisions budgétaires, si fragiles soient-elles, permettent de faire croire le contraire.
Christian Chevrolet