Les fleurs et plantes sont-elles de qualité égale chez les pros du jardinage et dans les magasins «brico»? C’est la question posée par les équipes de Bon à Savoir et de l’émission On en parle de la Radio Suisse Romande (RSR, La Première). Nous avons donc acheté deux plantes «grand public» – un yucca (hauteur max. 1 m) et une orchidée phalaenopsis dans dix magasins vaudois. Puis cinq «Monsieur Jardinier» de la RSR ont examiné, palpé et humé leurs feuilles/fleurs, racines et la terre.
Disons-le d’emblée: la qualité et les prix étaient fort variables (voir tableau). Et la plupart des végétaux jugés «très bon» ou «bon» par les experts provenaient de magasins spécialisés.
L’enquête
> Les commerces: l’enquête a été menée dans dix enseignes du canton de Vaud:
- Dans les «brico»: Coop Brico-Loisirs (Crissier), Landi (Moudon), Migros Do-It+Garden (Crissier), Hornbach (Etoy) et Obi (Renens). Chez Migros, nous avons dû nous rendre au magasin de fleurs, les Do-It du canton ne vendant que des plantes d’extérieur. Jumbo ne vendait ni yucca ni phalaenopsis au moment de l’enquête.
- Dans quatre garden-centers (trouvés dans l’annuaire électronique, mot-clé «garden»): Andréfleurs (Assens), Brönnimann (Noville), Burnier (La Conversion), J.-F. Charmoy (La Croix/Lutry), Schilliger (Gland).
> L’achat: les enquêteurs ont acheté la plante la moins chère, en choisissant celle qu’ils trouvaient la plus belle.
> Les experts: cinq collaborateurs du Journal du dimanche de La Première (RSR): Nicolas Faïss, propriétaire d’un garden center; Paolo Fornara, horticulteur; Jean-Pierre Masclet, horticulteur et pépiniériste, Eric Douady, spécialiste en plantes vertes, et un spécialiste en plantes vertes et hydroculture souhaitant rester anonyme.
> L’examen: les jardiniers ont examiné chaque plante sans en connaître l’origine, et apprécié l’état des feuilles et/ou fleurs et des racines (note max. =10). Et chacun a indiqué le prix qu’il payerait pour chaque végétal.
Les résultats
> Les beaux yuccas
Quatre yuccas ont été jugés «bon», et parmi eux deux se distinguent: celui de Charmoy et celui du Garden Centre de Noville. «Feuilles saines, plusieurs pousses sur les tiges principales», «feuillage assez fourni», sont quelques-uns des commentaires qui ont valu son classement au second. Mais comme il était de 27% plus cher (voir tableau) que le prix moyen avancé par les experts, le premier rang est revenu à la plante de Charmoy, seulement de 11% plus chère que le prix estimé par nos experts jardiniers.
> Les moins beaux
Mais «garden center» n’est pas toujours gage de perfection: les yuccas d’Andréfleurs et de Schilliger n’étaient que «satisfaisant». Commentaires de nos experts pour le second: «feuilles pas nettoyées», «plante de garde ancienne», «feuillage vieux», «plante ayant eu des problèmes d’arrosage», «pot beaucoup trop petit», etc. C’était pourtant la plante la plus chère (195 fr.).
Réponse de Schilliger: il s’agit d’une plante rare, très recherchée notamment par les décorateurs, demandant beaucoup de travail pour obtenir sa forme et son tronc spéciaux, ce que nos experts auraient sous-estimé. Et le pot plus petit permet de l’arroser moins souvent.
Le responsable d’Andréfleurs, Jean Clément, estime que ce n’est pas sur les plantes grand public telles celles de notre test, mais sur les centaines d’autres végétaux proposés que les garden centers font la différence du point de vue qualitatif.
> Les pitoyables
Les yuccas les plus piteux venaient de Coop, Migros et Hornbach. Le dernier était carrément jugé «invendable» par trois experts. Commentaires: «pousses malingres», plante «faible» et à l’«enracinement trop léger». Chez Hornbach, Jacques Mangin, assistant de direction reconnaît d’ailleurs que ses yuccas n’étaient «pas super-dingues». Contrairement à Migros-Vaud, dont la porte-parole Jacqueline Pisler se dit surprise du résultat: «Nous avons effectué notre propre sondage suite à votre test et les yuccas alors en vente étaient d’excellente qualité.»
Karl Weisskopf, porte-parole de Coop tente d’excu-ser le triste état du yucca
en avançant que les plantes en hydroculture ont tendance à pousser moins vite et à avoir moins de feuilles, surtout en hiver. Pourtant, celui de Charmoy, premier du test, était aussi en hydroculture…
> La plus belle orchidée
Côté orchidées, le Garden Centre de Noville l’emporte encore. Sa phalaenopsis est d’ailleurs la seule jugée «très bon», grâce à son «feuillage sain et bien développé», tout comme à ses «hampes florales et fleurs fraîches et saines» et un «bon enracinement».
L’orchidée d’Andréfleurs offrait, elle, le meilleur rapport qualité-prix.
> Les plus moches
Les plus vilaines orchidées – «en fin de floraison» «feuillage fatigué», «assoiffée», «pas de boutons», «peu de racines», etc. – provenaient de Landi et d’Obi. Trois experts les ont jugées invendables. Suite à ce résultat, Daniel Meister, responsable de Landi Moudon, a demandé à son fournisseur d’assurer une meilleure qualité. Et les contrôles à la livraison vont être plus sévères.
Migros-Vaud, qui gère l’Obi de Renens, marque encore son incompréhension face à notre résultat: «Mais il s’agissait de plantes en liquidation», précise Mme Pisler.
L’orchidée de Charmoy fut classée «insatisfaisant» parce qu’elle était «fatiguée» et arrrivait «en fin de floraison». A peine meilleure, celle de Coop, invendable pour deux experts: «fleurs défraîchies» et «racines en mauvais état». «Peut-être a-t-elle été mal soignée au magasin», tente d’expliquer M. Weisskopf.
A l’achat, nous avons encore noté si les vendeurs nous conseillaient spontanément (emplacement, arrosage, soins spéciaux). Seuls deux l’ont fait, chez Migros (pour l’orchidée), et chez Obi. Pourtant, dans plusieurs autres magasins, la consigne est d’informer les clients spontanément.
Autre point vérifié: l’emballage contre le froid. Car il suffit d’une minute d’exposition au froid ou aux courants d’air pour que les boutons d’une orchidée tombent. Vu la bise glaciale qui soufflait lors de notre test, ces fleurs, ainsi que les yuccas devaient être protégés. Si plusieurs, tels Andréfleurs et Landi nous ont fourni des vrais emballages contre le froid, d’autres tel Schilliger, se sont contentés d’un fin plastique. D’autres encore (Coop, Hornbach, Obi), ne nous ont même pas conseillé d’emballer les plantes.
Ellen Weigand