Il est loin le temps où tous nos fichiers dormaient tranquillement sur l’ordinateur du bureau. A l’heure de la multiplication des écrans et de l’internet mobile, avoir ses données sous la main partout et en tout temps est devenu une évidence pour bon nombre d’usagers. Ce service est désormais bien intégré à notre environnement numérique, et il est proposé par toutes les grandes entreprises de l’internet. Ainsi, les derniers systèmes d’exploitation Mac, Windows ou Android incluent, par défaut, des dossiers stockés sur des serveurs externes. A tel point que même les plus réticents à l’idée d’envoyer des données «sur le cloud» le font parfois à leur insu.
Un web nuageux
Avec l’évolution technologique, les fichiers que nous produisons sont toujours plus lourds. Difficile dès lors de se contenter de l’espace offert par les principaux prestataires que nous avons examinés: hormis Mega qui offre 50 Go, il faut bien souvent se contenter de 5 Go. Capacité très limitée qui peut rendre ponctuellement service pour transférer des fichiers en remplacement d’une clé USB, par exemple.
Ensuite, nous avons comparé les offres pour un consommateur qui se suffit de 100 Go pour stocker quelques documents et autres photos. Le premier constat, c’est que peu d’acteurs du marché proposent un espace payant aussi modeste. Chez Apple et Tresorit, la première offre comprend 200 Go, alors que Mega et pCloud n’ont rien à moins de 500 Go. Dropbox et One Drive vont encore plus loin en ne louant pas moins de 1 To!
Du coup, Amazon Drive est incontestablement le plus attractif avec son espace de 100 Go facturé moins de 1 fr. par mois. Le hic, c’est que les données ne sont chiffrées que pendant le transfert et sont stockées en clair sur les serveurs. De surcroît, la firme se réserve le droit d’accéder aux fichiers qu’elle ne manquera pas d’analyser, par exemple pour mieux cibler des publicités. Légèrement plus cher (1.15 fr./mois) le français Hubic marque des points en se montrant plus respectueux de la vie privée de ses usagers.
Les nuages lourds
Pour les plus gros consommateurs de données (films, musique, etc.), nous avons également comparé les offres pour un espace de 1 To. Amazon Drive arrive une fois encore en tête avec un tarif imbattable de 4.50 fr. par mois, mais avec les inconvénients déjà évoqués. Hubic n’a certes pas d’offre à 1 To, mais casse tous les prix en mettant à disposition 10 To pour à peine plus cher (5.75 fr./mois)! Ce qui le rend imbattable sur le créneau des très grands volumes.
Parmi les autres prestataires, relevons que Microsoft se démarque en offrant la suite bureautique Office 360 avec One Drive, tout comme Google avec sa G Suite. L’incontournable Dropbox, lui, se révèle être l’un des services les plus chers du lot. Sa version gratuite est également la moins généreuse de notre comparatif, avec un maigre 2 Go offert. C’est que Dropbox mise sur une politique incitant ses utilisateurs à faire connaître son produit autour d’eux: chaque personne parrainée rapporte 500 Mo jusqu’à 16 Go au maximum.
Les amateurs du «tout gratuit» peuvent également s’amuser à ouvrir plusieurs comptes chez divers prestataires. Ils auront alors avantage à passer par un service de centralisation pour regrouper leurs espaces de stockage. Parmi les plus connus, Odrive est un programme qui s’installe directement sur l’ordinateur. MultCloud est un service similaire, mais qui passe exclusivement par une application web. Ces deux solutions sont gratuites jusqu’à un certain volume de données par mois. Il faut, en revanche, payer (moins de 10 fr. par mois) pour profiter d’un transfert illimité et de toutes les fonctionnalités.
Et la sécurité dans tout ça?
Malgré sa généralisation, le cloud computing a de quoi susciter des craintes sur la sécurité des données que l’on stocke. Or, les failles sont plutôt liées à des mots de passe trop faibles qu’à une défaillance technique. Le point noir, c’est plutôt le droit que s’accorde la majorité des entreprises: celui d’accéder à nos données qu’elles ne se privent pas d’exploiter, notamment pour mieux cibler les annonces publicitaires. Il est donc conseillé de crypter tout ce qu’on glisse sur le cloud avec des logiciels comme Cryptomator. Mais gare à ne pas perdre son mot de passe, puisqu’il n’existe alors aucun moyen de récupérer ce qui a été crypté!
Vincent Jacquat
Eclairage
Un giga c’est quoi?
Nos données numériques sont stockées sous forme… de nombres évidemment! Un gigaoctet (Go) représente 1 milliard de suites de 8 chiffres en binaires comme 01100011, 10110100, etc. De quoi stocker environ 250 morceaux de musique,
30 minutes de film en HD et 40 000 photos de qualité moyenne.
Pour mesurer l’évolution des supports de stockage, il est amusant de relever que 100 Go de données ne représentent que 10% de l’espace d’un petit disque dur de 1 To. Alors que, dans les années 1990, un tel volume aurait nécessité une pile de disquettes haute de 200 m!