Il y a encore peu de temps, qui voulait se procurer des masques de protection de type FFP2 (lire encadré) à bon prix devait bien chercher. Selon un pointage non exhaustif effectué à la fin de janvier, les prix dans les pharmacies variaient entre 2.40 fr. et 4 fr. la pièce. Côté grande surface, il fallait chercher dans les commerces spécialisés bricolage. Là aussi, il fallait compter entre 3 fr. et 5 fr. la pièce chez Migros Do it & Garden et Coop Bau+Hobby. Le site internet fairmask.ch en proposait à 1.90 fr. et ils étaient même affichés à 1.75 fr. en promotion sur safemask.ch. A titre de comparaison, un masque chirurgical coûte en moyenne 20 centimes dans les grandes surfaces.
Les Autrichiens devaient, eux aussi, débourser plusieurs euros pour une de ces protections. Mais c’était avant qu’elles ne deviennent obligatoires, le 25 janvier. Depuis, une guerre des prix a éclaté entre les grands distributeurs. Dans un premier temps, ils ont annoncé des ventes au prix coûtant descendant jusqu’à 59 centimes d’euro la pièce. Puis, le leader Rewe en a remis une couche en annonçant la distribution gratuite momentanée, certes au compte-goutte, mais forçant tout de même la concurrence à emboîter le pas.
Un produit d’appel pour les distributeurs
L’obligation de porter des FFP2 en Autriche et en Bavière se fait ressentir en Suisse.
Même s’ils ne sont pas obligatoires, on croise de plus en plus de gens portant des «becs de canard» dans les transports et les commerces. Migros confirme que la demande a augmenté, ces dernières semaines. A tel point que, ici aussi, les enseignes ont compris que le FFP2 pouvait faire figure de produit d’appel, c’est-à-dire un produit dont le prix est volontairement bas afin d’attirer la clientèle.
Les discounters Aldi et Lidl ont lancé l’offensive le 23 janvier déjà, avec des FFP2 à environ 1 fr. la pièce, donc bien plus bas que ceux disponibles jusqu’alors. Depuis, les prix ont encore baissé, à 0.89 fr. pièce, selon un pointage effectué juste avant le bouclage. Toutefois, les arrivages ne sont pas encore constants.
Migros suit le mouvement et devrait mettre des masques FFP2 en vente ces jours dans ses supermarchés. Reste à savoir si la pression de la concurrence se fera ressentir dans les prix du géant orange. Coop, pour sa part, dit évaluer une inclusion dans l’assortiment de ses supermarchés.
Le Conseil fédéral ne veut pas d’une baisse de la TVA
En Autriche toutefois, les consommateurs ont pu compter sur un coup de pouce du Parlement. Celui-ci a décidé, le 20 janvier, d’exonérer les FFP2 de la TVA. Chez nos voisins, celle-ci s’élève à 20%, ce qui permet donc une réduction significative des prix. L’exonération est valable depuis le 23 janvier jusqu’au 30 juin.
Chez nous, les masques sont soumis au taux normal de 7,7%. Une imposition qui dérange Jean-Luc Addor (UDC/VS) qui a déposé une motion, en octobre dernier, afin de supprimer la taxe ou tout au moins de la baisser au taux réduit de 2,5%. Toutefois, son texte ne concerne, en l’état, que les masques chirurgicaux, étant donné qu’ils sont obligatoires, précise le conseiller national.
Quant à savoir si les consommateurs vont au moins pouvoir compter sur une baisse de la TVA sur les masques chirurgicaux, rien ne permet d’être optimiste. En effet, le Conseil fédéral s’oppose à la motion. Il met en avant un surplus de travail administratif pour les entreprises et estime que la mesure ne pourrait pas être mise en place avant la fin de la pandémie. Un argument auquel ne croit pas Jean-Luc Addor, tant le Parlement et le gouvernement ont montré, ces derniers mois, qu’ils sont capables de travailler vite quand la situation l’exige. Selon un calcul de Heidi.news, la TVA sur les masques chirurgicaux aurait rapporté au moins 10 millions de francs à la Confédération, entre mars et septembre 2020.
Sandra Porchet
Quelle est la différence entre FFP2 et N95?
La catégorie FFP2 (FFP signifiant Filtering Face Piece, soit pièce faciale filtrante) correspond à une norme européenne. Le type KN95 correspond à une norme chinoise et le N95 à la norme américaine. Selon un comparatif effectué par la multinationale 3M, qui fabrique notamment des masques, ces modèles peuvent être considérés comme équivalents.