Plusieurs informations inquiétantes concernant des peluches ont paru ces dernières semaines. Trois oursons contenant trop de substances nocives ont ainsi été classés «insatisfaisant» par le magazine allemand Öko-Test à l’issue d’un test de 20 animaux en peluche. Récemment aussi, Ikea a rappelé son ours Snuttig. Motif: pas sûr pour les enfants. Les coutures du jouet, vendu à 36 000 exemplaires en Suisse, pouvaient se rompre et des petites boules de plastique de la doublure pouvaient pénétrer dans les voies respiratoires de jeunes enfants.
Or, les animaux en peluche se doivent d’être «propres», puisque les petits ont des contacts plus qu’étroits avec eux: ils adorent les traîner partout, les prendre dans leurs bras en dormant ou suçoter des parties comme les oreilles. C’est pourquoi une norme européenne (EN 71) fixe des exigences claires pour les peluches et autres jouets. La norme impose des valeurs limites pour les métaux lourds et autres substances nocives, pose des conditions sévères concernant l’inflammabilité des jouets et exige que les enfants ne puissent pas en ôter ou arracher de petites parties saillantes qu’ils pourraient avaler. Depuis le 1er mai dernier, cette norme est également en vigueur en Suisse.
Pour les 100 ans du Teddy Bear, Bon à Savoir a fait examiner 15 ours en peluche par l’institut allemand LGA Landesgewerbeanstalt Bayern. Pour cela, nous avons acheté les modèles les plus vendus, tel le célèbre Steiff Classic 1909, ainsi que des produits plus avantageux vendus par Toys’r’us et TopTip.
Test de sécurité
Premier et principal point testé: les animaux sont-ils sûrs et propres? Ce test de sécurité a compté pour 90% dans notre appréciation globale.
Pour vérifier s’ils étaient assez solides, non inflammables et exempts de substances nocives, les oursons ont subi de véritables séances de torture: les experts les ont coincés dans des machines et leur ont arraché le nez, les bras, les jambes et les yeux. Puis, ils ont essayé de leur bouter le feu et ont découpé des morceaux de tissu pour examiner leur teneur en substances nocives.
Cordon trop long
Résultat réjouissant: aucun ours n’était inflammable ni ne contenait de substances nocives. Et impossible de leur arracher des parties assez petites, comme les yeux, qui pourraient être avalées.
Pourtant, un modèle n’a pas réussi l’épreuve de sécurité: le cordon autour du cou du modèle Casa ours avec bonnet s’est rompu lors de son examen. Et avec une longueur de 57 cm, cette corde dépassait largement le maximum de 22 cm fixé par la norme EN 71. Appréciation de Manfred Gebert, qui a exécuté le test au LGA: «Là il existe le risque qu’un enfant s’étrangle.» Réaction immédiate chez TopTip: le magasin de meubles de Coop va ôter manuellement tous les cordons avant que les peluches n’arrivent dans les rayons.
Si 14 ours sur 15 ont passé l’épreuve de sécurité, il en est allé tout autrement avec les déclarations obligatoires. La norme exige en effet que le nom du fabricant ou de l’importateur, avec son adresse en Suisse, figure de manière visible et durable sur le jouet. Cela pour garantir qu’en cas d’accident, on puisse se retourner contre l’entreprise qui a mis le jouet sur le marché. De plus, le sigle CE ne doit manquer sur aucun ourson: il garantit que le fabricant respecte les normes légales en vigueur pour les jouets.
Déclarations lacunaires
Deux peluches seulement, celles de Gis et Heunec, étaient suffisamment étiquetées. Toutes les autres ne portaient pas d’adresse. Et les oursons Bakito, ainsi que ceux de Franz Carl Weber, n’affichaient même pas le sigle CE.
Chez Migros on estime que l’étiquetage «Migros» sur les deux ours est suffisant. En tant que seul vendeur de ces jouets, le distributeur serait facile à identifier, même sans adresse. Avis que ne partage pas le laboratoire cantonal de Zurich, autorité de contrôle en la matière: Martin Brunner, adjoint au chimiste cantonal, souligne qu’il faudrait qu’au moins le numéro postal ou la localité figure sur le jouet. Au sujet de cette déclaration lacunaire, Globus, qui vend le Bakito, a indiqué que la marque allait de toute manière disparaître de l’assortiment.
Enfin, une curiosité: le A-One Plush Toys Co Ltd est muni de l’indication que l’ours n’est approprié que pour les enfants de plus de 3 ans. Or, chaque animal en peluche doit répondre aux exigences pour les tout-petits. Cependant, notre test a démontré que cette indication est superflue, puisque le modèle a réussi tous les examens de sécurité.
Rolf Muntwyler /ew