L’affaire du siècle en deux clics, on peut toujours y rêver. Hélas, les bons plans perdent vite de leur saveur s’ils dissimulent une arnaque bien mijotée. Avant de passer commande sur un site web, il faut d’abord faire preuve de lucidité pour séparer le bon grain de l’ivraie. La méfiance doit, par exemple, être de mise lorsque les prix sont extraordinairement bas. Se ruer sans retenue sur des chaussures de marque affichées au prix d’une paire de tongs, c’est se jeter à coup sûr dans la gueule du loup. Parfois, pourtant, le bon sens ne suffit pas à détecter les entourloupes. Quelques astuces permettent cependant d’évaluer la fiabilité des commerces en ligne et de limiter ainsi les risques de se faire berner.
1 / Identification de l’entreprise
Sur un site commercial, il est essentiel de disposer d’informations précises sur l’entreprise. Si la raison sociale et l’adresse physique ne sont pas mentionnées, il est conseillé de passer son chemin. Généralement, ces renseignements figurent sous une rubrique intitulée «Qui sommes nous» ou «A propos». En cas de doute ou de flou, il suffit d’aller sur un répertoire comme www.whois.net pour obtenir des informations sur le site et son propriétaire. Pour les sociétés basées en Suisse, il est également possible de consulter gratuitement le Registre du commerce sous www.moneyhouse.ch, entre autres.
2 / Réputation de l’entreprise
Après avoir découvert l’identité de l’entreprise, encore faut-il s’assurer qu’elle honore ses engagements. A ce titre, une petite recherche sur le net permet parfois de profiter de l’expérience d’autres consommateurs. On peut également greffer à son navigateur un ajout (add-on) nommé WOT (à télécharger gratuitement sur www.mywot.com).
Grâce au concours de millions d’internautes, l’évaluation WOT des sites (crédibilité, fiabilité commerciale, etc.) apparaît sous la forme d’une petite pastille qui reste verte si la réputation est bonne et vire à l’orange, voire au rouge si le danger guette. Seul bémol, la pastille demeure grise lorsque les avis de la communauté WOT ne sont pas assez nombreux. C’est le cas, par exemple, des sites récents ou peu fréquentés.
3 / Sécurisation de la transaction
Qui dit achat sur le net dit bien souvent paiement en ligne. Or, en connaissant les règles de base, l’usage de la carte bancaire n’est pas nécessairement plus dangereux sur internet qu’ailleurs.
> Primo, il faut impérativement que la transaction soit sécurisée par un cryptage des données. Il suffit alors de vérifier que l’adresse de la page où l’on rentre son numéro de carte de crédit commence par https, et non par http.
> Secundo, il ne faut communiquer son code PIN sous aucun prétexte, sachant que même la banque ne le réclame jamais.
> Tertio, il est élémentaire d’équiper son ordinateur d’un antivirus et d’un pare-feu qui limitent l’installation de logiciels malveillants, aptes à récupérer des données personnelles.
4 / Conditions de vente
La lecture des conditions générales de vente (CGV) est souvent fastidieuse, mais ô combien essentielle. Régissant la relation entre le vendeur et l’acheteur, les CGV fixent les modalités du contrat, des conditions de paiement aux prestations de garantie, en passant par les possibilités de retour. L’adresse destinée au renvoi des produits mérite, elle aussi, d’être examinée, car – à l’instar de sites comme www.reifendirekt.ch basés à l’étranger malgré leur particule (.ch) – une erreur de commande ou de livraison peut coûter du temps et de l’argent. En l’absence de CGV, c’est théoriquement le Code des obligations qui fait foi pour les consommateurs suisses, même si le vendeur est établi à l’étranger.
Mais tout litige international reste délicat à traiter, puisque les législations des pays ne sont pas forcément au diapason.
5 / Taxes en sus
Le prix affiché – frais d’expédition compris – lors de la commande ne correspond pas nécessairement à la somme finale que le consommateur sera appelé à payer. En effet, pour les marchandises en provenance de l’étranger, la TVA, des droits de douane et des frais de dédouanement (lire en page 9) viennent s’ajouter à la facture.
Pour les objets soumis à la TVA normale (8%), la taxation s’applique dès que la valeur dépasse 62 fr. Pour les produits bénéficiant d’un taux de TVA réduit (2,5%) comme les livres, l’imposition est perçue dès 199 fr. Pour leur part, les droits de douane dépendent du poids de l’envoi, alors que les frais de dédouanement varient en fonction des transporteurs.
Yves-Noël Grin
NOUVEAU
L’e-commerce a son guide officiel
Lancé le 15 mars dernier, le site www.e-commerce-guide.admin.ch regroupe une pléiade d’informations sur le commerce en ligne. La page principale oriente l’internaute dans cinq directions: Acheter en ligne, Propriété intellectuelle, Protection des données, Sécurité et Dédouanement. Chaque thème est ensuite décliné en sous-chapitres dans lesquels se côtoient des informations juridiques et des conseils pratiques.
Ce guide des achats en ligne apporte un éclairage sur les particularités de l’e-commerce en montrant à l’utilisateur comment profiter des offres avec clairvoyance. Comme le commerce traditionnel dans un magasin, celui virtuel implique des droits et des obligations qu’il vaut mieux connaître avant d’y prendre part.
Né sous l’impulsion du Conseil fédéral, ce guide a été piloté par le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) et le Bureau fédéral de la consommation (BFC).