La pollution atmosphérique n’est pas toujours là où on l’attend. Lorsqu’ils utilisent une imprimante ou un photocopieur, les employés de bureau, sans s’en apercevoir, envoient des poussières fines, des composés organiques volatils et semi-volatils ainsi que de l’ozone dans l’air ambiant. Si les études épidémiologiques font encore défaut, les autorités sanitaires prennent très au sérieux les risques que des concentrations importantes de ces polluants – en particulier les particules fines – font peser sur la santé des utilisateurs.
L’Institut fédéral pour la recherche et les essais des matériaux de Berlin s’est penché sur les imprimantes laser. Les chercheurs ont mis en évidence que ces dernières émettent des milliards de particules fines et ultrafines parmi lesquelles du silicium, du brome et du chrome – substances intrinsèquement toxiques. L’institut allemand a tenu secret les noms des marques, afin de préserver les intérêts commerciaux des fabricants. Notre partenaire alémanique saldo s’est toutefois chargé de les démasquer (voir tableau).
Des émissions 2800 fois plus élevées
Le modèle Kyocera Mita FS-1100 se distingue avec des émissions de 7,6 milliards de particules par page imprimée. C’est 2800 fois plus que l’imprimante de Hewlett Packard (2,7 millions), preuve qu’il est techniquement possible de réduire drastiquement les émissions nocives. La porte-parole de Canon fait valoir que tous les modèles testés, même le Kyocera, respectent les directives de l’Union européenne. En fait, il n’existe, pour l’heure, aucune valeur limite d’émission pour les particules émises par ces appareils, pas plus en Europe qu’en Suisse. Ce qui permet à Kyocera d’affirmer que, «en l’état des connaissances scientifiques, l’utilisateur ne court pas de danger en inhalant des particules fines et ultrafines».
Ce n’est pas l’avis de l’Office fédéral de la santé (OFSP), pourtant généralement peu alarmiste. Qui prévient que, pour les personnes sensibles, des concentrations élevées de composés organiques volatils et semi-volatils peuvent être source d’irritation des muqueuses, souvent accompagnée de stress et de maux de tête.
Achim Stelting, qui mène des recherches sur les dangers des particules fines à la Fondation internationale nano-Control, le confirme. Il ajoute que l’exposition aux poussières émanant des imprimantes peut conduire à des inflammations chroniques, des dommages aux bronches, des gonflements des ganglions lymphatiques ou des états d’épuisement. A ce jour, 3000 personnes se sont annoncées auprès de la fondation pour des problèmes liés aux poussières des imprimantes, dont 63 en Suisse.
Philippe Chevalier
Pour télécharger le tableau comparatif, se référer à l'encadré au-dessous de la photo.
Comment se protéger
L’Office fédéral de la santé publique ainsi que la Caisse nationale Suva recommandent:
- dans la mesure du possible, installer l’imprimante dans une pièce séparée ou du moins bien ventilée;
- en cas de bourrage de papier, retirer la feuille avec précaution plutôt que de l’arracher sauvagement;
- en cas de contact avec le toner, nettoyer la peau avec de l’eau froide (surtout pas chaude) et du savon;
- privilégier les modèles à faibles émissions, notamment ceux dotés du label «Ange Bleu», qui répondent à la norme TCO 99, ou marquées BG;
- préférer les modèles à jet d’encre qui libèrent généralement beaucoup moins de particules fines;
- en cas d’intoxication, appeler le Centre suisse d’information toxicologique au 145 (24 heures/24).