Des yeux gonflés, le nez qui coule, des éternuements en salve, des difficultés à respirer, un manque de goût et une grosse fatigue. Les symptômes des allergies peuvent être très pénibles. Durant la saison froide, les victimes oublient un peu le problème. C’est pourtant souvent le bon moment pour entamer une désensibilisation (ou immunothérapie spécifique). Décryptage en huit étapes.
A qui s’adresse le traitement?
Il peut être efficace pour les personnes allergiques aux pollens, aux poils d’animaux, aux acariens ou encore au venin d’insectes. La désensibilisation est recommandée avant tout lorsque le traitement médicamenteux (antihistaminiques et sprays) ne donne pas de résultats satisfaisants ou en cas d’allergie grave, comme après une piqûre d’insectes. Elle doit être prescrite par un allergologue.
Quel est le principe?
Lors d’une allergie, le système immunitaire réagit excessivement à des substances normalement inoffensives, comme les poils de chat ou les pollens. «La désensibilisation consiste à habituer le corps en douceur à la substance allergène en le soumettant à de très faibles doses, augmentées progressivement», explique Camillo Ribi, allergologue au Chuv. Alors que les médicaments ne traitent que les symptômes, l’immunothérapie s’attaque aux causes.
Concrètement, comment cela se passe-t-il?
La méthode classique, pratiquée depuis un siècle, se fait par injections sous-cutanées au niveau de l’épaule. Le procédé peut intimider, mais il n’est pas très douloureux: l’aiguille est fine et la piqûre se fait sous la peau, pas dans le muscle. En revanche, c’est astreignant, puisqu’il faut une injection hebdomadaire durant trois mois, puis mensuelle pendant trois ans. Au besoin, un intervalle mensuel peut-être porté à sept semaines, en cas de vacances, par exemple. Au-delà, il faut diminuer les doses suivantes, puis les augmenter de nouveau.
Moins lourde, la désensibilisation dite présaisonnière se limite à une dizaine d’injections hebdomadaires pendant les deux à trois mois précédant la période pollinique concernée. Le résultat est toutefois moins probant qu’un traitement continu sur trois ans, partant du principe que la dose cumulée des vaccins est déterminante pour l’efficacité.
Il existe aussi une immunothérapie dite sublinguale, administrée par pilules ou gouttes sous la langue. La prise se fait à domicile tous les jours pendant les semaines précédant la saison pollinique, puis au moins trois fois par semaine durant plusieurs années. Le Centre d’allergie suisse ne la recommande toutefois que lorsque la thérapie par injections n’est pas réalisable.
Quel est le bon moment?
Tout dépend de l’allergie. Pour les pollens, le traitement doit commencer trois mois avant le début de la floraison de l’espèce concernée. L’automne ou l’hiver sont donc les périodes propices afin d’entamer les démarches. Pour les acariens ou les poils d’animaux, l’immunothérapie peut débuter à tout moment.
Est-ce que ça marche à tous les coups?
Non. Concernant les allergies aux chats ou aux acariens, le traitement est efficace pour 60% à 70% des patients. Pour les pollens, cela monte à 80%. Et, pour les venins d’insectes, encore plus. Le traitement semble aussi prévenir le développement de l’asthme bronchique et la survenue de nouvelles sensibilisations. Il ne garantit toutefois pas un résultat à vie. L’allergie peut revenir après une dizaine d’années.
Peut-on soigner plusieurs allergies à la fois?
Oui, mais le médecin s’arrêtera généralement au traitement simultané de deux ou trois d’entre elles, chacune nécessitant une injection. Le candidat idéal est donc celui qui est allergique à peu de substances différentes.
La facture est-elle prise en charge par l’assurance maladie?
Oui, mais le spécialiste vous rendra sans doute attentif au fait que la désensibilisation, par injections ou sublinguale, est relativement onéreuse: environ 2500 fr. la première année, puis 1000 fr. les suivantes. Si vous avez opté pour une franchise élevée et que vous n’avez pas d’autres frais médicaux, vous devrez, dans les faits, payer la désensibilisation de votre poche.
Le traitement est-il sans danger?
Bien que rare, le risque de réaction allergique existe, raison pour laquelle les patients doivent rester une demi-heure sur le lieu d’injection. Ce risque est moindre avec le traitement sublingual, mais certains spécialistes l’estiment aussi moins efficace.
Sébastien Sautebin